Bien installé depuis des années maintenant dans sa proche couronne, en particulier au Sud, le parti gagne du terrain dans la sous-préfecture. Alors certes, le score de Gilles Lacroix dimanche (33,91 %) est en deçà de la performance de Jordan Bardella aux européennes (35,09 %). Mais pour la première fois, il arrive en tête sur la ville. En faisant plus du double de son score de 2022 (16,07 %, il était alors quatrième). Et ce grâce au bureau de la ville basse, où il arrive largement en tête, mais surtout grâce au centre-ville. Où, il devance largement Jean-Yves Bony, arrivé deuxième, avec 243 voix contre 158.
Des nouveaux et des jeunesEt un très fin observateur de la vie politique locale, présent dans ce bureau notait que « ce dimanche, on a vu défiler beaucoup de nouveaux électeurs, qu’on ne connaissait pas, et souvent jeunes. Cela tord le cou au cliché d’un vote des personnes âgées pour le RN. »
Pouvoir d'achatLéo Mezhoud est l’un d’eux. Électeur, et même militant depuis 2002, ce Sanflorain de 20 ans n’est pas de ceux qui ont été séduits par la jeunesse de Jordan Bardella : « je ne suis pas attaché à l’homme, comme trop le sont dans d’autres camps, mais au programme. » Et dans ce programme, ce qui compte avant tout pour lui c’est « le portefeuille. Aujourd’hui, le gouvernement comble le trou de l’État qu’il a créé avec l’argent des gens. Résultat, on n’a plus de pouvoir d’achat, et on le ressent tous les jours : tout est cher, l’alimentaire, les cigarettes qui ont triplé de prix en quelques années juste à causse des taxes. Il suffirait de les baisser, ou de baisser la TVA pour que les gens puissent souffler. »
Léo Mezhoud, militant sanflorain
Mobilité, immigrationLa question de la mobilité est aussi essentielle pour lui. « Je suis en formation à Clermont. Je prends à 8 heures, et tous les jours je suis en retard parce que le premier bus m’amène à 8 h 20. La ruralité est oubliée, et le RN va changer ça. » Et l’immigration dans tout ça ? « Les adversaires du RN réduisent souvent son programme à ça, c’est un cliché.
Il ne s’agit pas de stopper l’immigration, mais de la réguler. À Saint-Flour, on n’a pas ce problème, les migrants du Cada sont souvent des bonnes personnes, j’en connais bien certains. Mais dans les grandes villes et au niveau national, c’est autre chose, la majorité d’entre eux posent problème. Je peux en parler, j’ai vécu à Marseille. Il faut donc agir.
Yann Bayssat