A quelques heures du premier tour des législatives, les trois semaines de campagne n’ont pas vraiment dissipé la tempête de poussière déclenchée par la dissolution du 9 juin 2024.
En Corrèze, trois blocs polarisent le scrutin du 30 juin 2024 : une extrême-droite en pleine dynamique, une gauche unie, mais sans avoir vraiment soldé les divisions d’hier, et un bloc central (droite et centre-droit) qui joue sur la peur des "deux extrêmes", avec des Républicains (Frédérique Meunier et Francis Dubois) qui jouent la survie de leur parti.
Un absent de marque : la majorité présidentielle, comme tétanisée par la décision de son chef, n’est pas sur la ligne de départ. En Corrèze, l’après-Macron semble avoir commencé un peu plus tôt qu’ailleurs.
Une forte participation attenduePour déboucher sur quoi ? Un des éléments importants, c’est la mobilisation du corps électoral. Les sondages et le nombre de procurations laissent entrevoir une participation plus forte, de l’ordre de 64 %.
La Corrèze ayant tendance à faire mieux que le national, elle pourrait retrouver le niveau des législatives de 2002, voire de 1997 (78 %), avec toutefois, une circonscription briviste systématiquement en dessous de celle de Tulle-Ussel.
Si une forte participation se confirme dans les urnes, elle fera mécaniquement baisser le seuil de qualification pour le second tour, qui est de 12,5 % des inscrits. L’hypothèse de triangulaires n’est pas à écarter, même si un tel scénario n’a jamais été vu dans le département.
Peu de formations politiques ont dévoilé ce qu’elles feraient dans un tel cas de figure. Hormis les écologistes, qui ont investi Amandine Dewaele sur la circonscription de Brive : ils se désisteront au second tour en cas de possibilité de victoire d’un candidat d’extrême droite.
Un RN en forme et le retour de François HollandeCe pourrait être le cas pour Valéry Elophe (RN) sur Brive. Il espère surfer sur des scores historiques des européennes, avec des pointes jusqu’à 40 % dans des cantons proches de Brive. Ce sera sans doute plus compliqué sur Tulle-Ussel pour Maïté Pouget (RN), qui doit faire face à une candidature de Reconquête (Gilles Oguinena).
Chose inédite avant un premier tour en Corrèze, de nombreuses organisations appellent à faire barrage à l’extrême-droite, depuis les syndicats de salariés jusqu’aux francs-maçons, en passant par les associations féministes. Une lettre ouverte, cosignée par une vingtaine de jeunes Corréziens (étudiants, lycéens, apprenti), fait de même.
Avec ce scrutin, la Corrèze fait aussi son retour sur l’échiquier national. François Hollande, candidat Nouveau Front populaire (PS) sur Tulle-Ussel, va-t-il réussir son retour dans son ancien fief électoral ?
Les résultats de l’ancien président de la République, qui appelle au "désistement républicain" en cas de risque d’élection d’un candidat RN, seront très commentés au soir du dimanche 30 juin. Après, une autre campagne, tout aussi incertaine, va commencer.
Eric Porte
