Une grande partie des visiteurs des sites touristiques du département ont un lien avec le territoire. Ces Corréziens de cœur ou d’adoption, Laurence Vialle, guide aux pans de Travassac depuis plus de dix ans, les connaît bien. Elle aime les rendre fiers, lorsqu’ils redécouvrent le patrimoine ardoisier et se l’approprient.
Depuis qu’elle est passée à la télé, Laurence Vialle est connue comme le loup blanc au marché de Brive. Le samedi, la responsable du site touristique des pans de Travassac s’y fait régulièrement interpeller par les commerçants. « Ils me disent qu’ils ne sont jamais venus : “oh, j’ai honte, il faudra que je vienne !” »
Des habitants du coin n'y ont jamais mis les piedsIls sont comme de très nombreux habitants du territoire, qui savent parfaitement que les pans de Travassac abritent des ardoisières splendides, mais qui n’y ont jamais mis les pieds alors que le site est ouvert à la visite depuis vingt-sept ans. Ceux qui passent pour la première fois la jolie porte de métal ouvragée (les Corréziens, ceux qui viennent avec leur famille, leurs amis et les touristes d’origine corrézienne constituent environ 60 % des visiteurs des pans de Travassac) se retrouvent tous bouche bée.
"Je connais, pas la peine de faire la visite" : c'est l'idée reçue numéro unPhoto Fabrice Combe.« Pourtant, l’idée reçue numéro un sur le site, c’est : “je connais, pas la peine de faire la visite”, explique Laurence Vialle. Quand ils viennent, ils sont scotchés. Ils disent : “on ne savait pas, on ne se rendait pas compte.” Ou alors, “c’est encore plus beau qu’à la télé”. Ils sont frappés par l’ampleur du travail des hommes. Je leur dis : “ça fait partie de votre patrimoine”. Ils ressortent souvent très fiers. »
La liste des sites concernés est sur le site internet du Pass'corrézien. On y trouve des châteaux, des sites naturels, des jardins, des musées, des visites et animations, des bases de loisirs, des activités...
Un amour contagieux pour la CorrèzeAider les visiteurs à s’approprier l’endroit, c’est une des missions que s’est fixé cette amoureuse de la Corrèze, née à Paris d’une grand-mère corrézienne, qui passait, glisse-t-elle dans un grand sourire, toutes ses vacances d’été à Corrèze, en Corrèze. Elle raconte le chagrin du départ, à la fin de l’été. « C’était le silence dans la voiture jusqu’à Orléans, et la tristesse pendant une semaine. » Alors, une fois adulte, elle s’est empressée de faire son retour à la terre. Ou plutôt à la pierre. Si elle a commencé son activité côté carrière, c’est dans la dimension touristique des ardoisières qu’elle s’épanouit, depuis une dizaine d’années.
Le Pass’corrézien, ce dispositif qui encourage les habitants du département à découvrir les pépites touristiques locales, grâce à des réductions (« je viens à trois, je paye pour deux »), voilà qui lui permet de continuer à faire découvrir ce site extraordinaire aux gens du coin. « Il faut entrer et laisser opérer la magie, raconte-t-elle. Il faut écouter : l’ardoise a un cliquetis très mélodieux quand on marche dessus. » Suivant l’heure du jour et la météo, les pans n’ont pas la même teinte. Et puis, il fait toujours bon, au creux des pans d’ardoise : leurs cinquante mètres de haut gardent la fraîcheur. Et ce vide entre deux parois ? « Tout ce qui était à l’intérieur couvre les toits de la Corrèze et du Massif Central », sourit Laurence Vialle.
"On ne va pas faire payer les gens cinq fois pour la même chose !"Pendant longtemps, elle a tenté de pratiquer un Pass’corrézien artisanal à la billetterie : « ceux qui venaient et revenaient, avec leurs petits-enfants, avec des amis, on ne les faisait pas payer. On ne va pas faire payer les gens cinq fois pour la même chose ! Mais encore fallait-il que je sois à l’accueil et que je les reconnaisse. »À l’accueil des pans de Travassac, trône ce cube géant composé de blocs d’ardoises devant lequel les visiteurs adorent se prendre en photo, raconte Laurence Vialle. Photo Fabrice Combe
Avec le nouveau pass, le problème est réglé puisque la réduction s’applique de façon illimitée. « Le budget, c’est le nerf de la guerre, reconnaît la professionnelle. Après, c’est la qualité de la visite qui fait la différence. » Et qui fera marcher « la meilleure des publicités », le fameux bouche-à-oreille…
Pomme Labrousse
