La nuance est fine. Très fine. Mais elle existe. Raphaël Glucksman a été placé en tête par les habitants de Grandval lors des élections européennes le 9 juin dernier. Le candidat PS l’a emporté à une voix près sur son poursuivant du Rassemblement national. Un score qui n’aura pas échappé aux habitants, pour qui révéler son vote n’est pas chose aisée.
Une voix d'avance pour GlucksmanÀ la mairie, Didier Fourt, le maire, la secrétaire et un habitant discutent à bâtons rompus. Lorsque l’on franchit la porte, le silence se fait. "Vous venez parce que Grandval s’est distinguée par sa couleur ?", souffle dans un sourire la secrétaire. Nous n’aurons rien de plus de sa part. Le maire, quant à lui, restera "neutre", tout comme cet habitant qui invoque "le droit de réserve". À quelques pas, un homme s’affaire dans son potager. Il prend cinq minutes dans son désherbage pour parler politique, même s’il confie ne pas être franchement intéressé par le sujet. Pour autant, il sait très bien que Bardella a failli l’emporter d’une voix dans sa commune. "Ça m’agace la politique", lance-t-il. Mais le Grandvalois vote quand même.
C’est le seul droit qu’on a.
Il ne sait pas précisément pour qui il va voter aux législatives, ou plutôt, ne préfère pas le dire. Mais une chose est sûre, "ça ne sera pas l’extrême droite".
Un peu plus loin, cet autre habitant profite d’une percée du soleil pour laver sa voiture "avec de l’eau de récupération". Son ressenti face à la situation ? Du dégoût. "Il faut faire un grand ménage, assume-t-il. Peu importe le parti, ce ne sont que des profiteurs. Prenez l’exemple des infirmières. Ça fait trente ans qu’il en manque, et personne ne fait rien."
Mais aux législatives, cette élection "différente", il votera "Dédé", il l’assume.
Parce que lui, on le connaît, on sait ce qu’il fait pour nous, on le voit à la télévision.
Et à Grandval, si le regard du voisin compte pour beaucoup, il semblerait que la tendance soit pour André Chassaigne. La preuve, il y a deux ans, il est arrivé en tête avec 75,61 % au second tour.
Sarah Douvizy
