Quand le RC Riom a décidé de lancer son pôle para rugby adapté en octobre dernier, le club avait en tête une démarche d’inclusion et était loin d’envisager une participation aux championnats de France, huit mois plus tard et encore moins une finale contre le champion sortant. C’est pourtant ce qu’ont réussi Elisabeth Germain, Priscillia Delhaye et tous les encadrants des « Extraordinaires » du RC Riom.
À cinq sur un demi-terrainLe rugby adapté est destiné aux joueurs atteints de déficiences ou de handicaps mentaux. Il se pratique avec quelques règles différentes mais attention, c’est du vrai rugby qui se joue à cinq sur un demi-terrain avec les passes en arrière, les rucks, les grattages et parfois avec le nez qui saigne et les placages qui chatouillent les côtelettes. Les matchs se jouent en deux fois cinq ou sept minutes, selon la catégorie. Côté règles, un essai vaut un point et il n’y a pas de transformation.
Comme tout rugbyman qui se respecte, les pratiquants sont tous et toutes des durs au mal qui ont trouvé dans le rugby une activité à la fois ludique et physiquement exigeante : « Ce qui est remarquable dans nos équipes, c’est que les joueurs sont des résidents issus de foyers différents, se réjouit Elisabeth Germain. En très peu de temps, ils ont constitué un groupe de copains sur et en dehors du terrain. » C’est par exemple une grande victoire pour tous les accompagnants de les voir échanger leurs numéros de téléphone, comme par exemple à Lisieux, avec les joueurs de Montauban, les vainqueurs de la finale.
« Il ne manque qu’un essai à notre équipe catégorie ABC pour basculer dans la poule pour le titre »« Là-bas, même avec nos titres de champions AuRA, nous étions complètement dans l’inconnu en ce qui concerne nos possibilités de bien figurer, rappelle Priscillia Delhaye. L’ambition se limitait à sortir des poules de classement et se classer dans les huit meilleures équipes. Les résultats sont allés bien au-delà puisqu’il ne manque qu’un essai à notre équipe catégorie ABC (*) pour basculer dans la poule pour le titre. » Elle termine finalement à la 5 e place en gagnant ses deux derniers matchs.
Des ambitions pour la prochaine éditionQuant à l’équipe catégorie BCD, elle perd un match d’entrée de jeu contre le champion sortant Montauban avant de perdre de nouveau contre cette même équipe en finale qui comptait dans ces rangs deux joueurs de Fédérale 3. « À Lisieux, nous avons gagné le respect de nos adversaires avec notre jeu qui privilégie l’évitement à l’affrontement direct. Le résultat est exceptionnel et il donne naturellement des ambitions pour la prochaine édition qui se jouera à Puilboreau. »
Mais au-delà de la réussite sportive, il y a le côté thérapie qui est essentiel aux yeux de ceux qui fréquentent quotidiennement les résidents qui composent les équipes : « Les sourires de nos joueurs valent autant sinon plus que les titres. Quand ils retournent dans leurs foyers respectifs, ils ne quittent plus leurs médailles et ne cessent de raconter leurs aventures à leur entourage. »
Pierre Béal, président de OLA Solidarité, est persuadé que l’esprit du rugby est parfaitement adapté aux difficultés rencontrées par les pratiquants : « Il faut bien avoir conscience qu’une partie de nos joueurs est tout de même en difficulté au niveau du manque de confiance en soi ou en difficulté relationnelle. L’aventure a été magnifique pour eux et pour tous ceux impliqués dans leur quotidien. »
(*) Les handicaps sont classés en fonction de leur gravité de A pour un handicap prononcé à D pour un handicap léger.“ À Lisieux, nous avons gagné le respect de nos adversaires avec notre jeu qui privilégie l’évitement à l’affrontement direct. »
