Dans une pièce lumineuse à l’étage de la MJC de Montluçon (Allier), six adhérents de l’atelier reliure d’art travaillent avec sérieux sous l’œil scrutateur de Jean Giraud, leur animateur. "Il est sévère mais il a raison !", pointe Claude, élève de l’atelier depuis trois ans.
"Pour faire de la reliure d’art, il faut être patient et méticuleux. Je les oblige à travailler au demi-millimètre près", justifie Jean Giraud avec un sourire amusé. "La reliure est également quelque chose de très long. Il faut compter entre trente et trente-cinq heures de travail pour un livre ordinaire et jusqu’à cent heures pour un beau livre."
Des pages cousues et non pas colléesPour redonner vie à un vieil ouvrage acheté dans une brocante ou découvert dans la bibliothèque familiale, il faut d’abord vérifier qu’il s’agisse bien d’un livre dans lequel les pages sont cousues en cahier et non collées entre elles et à la couverture.
Jean Giraud anime depuis trente ans l'atelier où il a lui-même appris la reliure d'art.
Entre un habillage classique en cuir et des techniques plus élaborées avec des filets dorés, du relief ou des incrustations, toutes les fantaisies sont permises du moment que l’on a la dextérité et une précision chirurgicale.
"Pour faire une reliure d’art, il faut théoriquement réaliser quarante opérations différentes. En réalité, il y en a une centaine qui doivent être faites dans un ordre précis. La dernière est de mettre le titre et si on rate le titre, tout est à refaire"
L'amour des livres comme première motivationCette exigence n’effraie pas les élèves de l’atelier. Présents depuis plus ou moins longtemps - ils s’inscrivent au moment de la retraite - tous ont en commun la passion des vieux bouquins. "Les livres sont reliés comme il y a 500 ans, à l’époque de François Ier. On leur redonne une espérance de vie similaire", souligne Jean Giraud avec une joie non dissimulée.
L’atelier reliure d’art se déroule les lundis de 14 à 17 heures, à la MJC, 8 rue du général Émile Mairal, à Montluçon. Renseignements au 04.70.08.35.65.
Florence Farina : texteCécile champagnat : photos