Après avoir récupéré la circonscription en 2022 derrière l’Insoumise Marianne Maximi, la gauche peut-elle être malmenée sur ses terres ? Parce que les cartes sont constamment rebattues depuis trois semaines, parce que les scores du Rassemblement national et du bloc central restent localement difficiles à anticiper, toute réponse relèverait du coup de poker…
Mais il y a des points de certitudes. D’abord, la gauche a su, une nouvelle fois, mettre de côté ses divergences le temps d’une campagne. Ce qui est vrai à l’échelle nationale vaut aussi à Clermont-Ferrand où, malgré la Nupes, la candidate du Nouveau Front populaire, Marianne Maximi, est restée ces deux dernières années une élue d’opposition sans concession à la majorité du maire Olivier Bianchi (PS/EELV/PCF).
Campagne de terrainLes désaccords sont profonds, mais à l’heure de se rassembler pour ces législatives, personne n’a remis en cause la légitimité de la députée sortante. Comme en 2022, la gauche met ces jours-ci la gomme dans sa campagne de terrain avec, au-delà des marchés et étant donné les délais pour convaincre, un effort appuyé sur le porte-à-porte.
Elle peut compter pour cela sur une force militante inégalée, "mais il faut aussi ne pas avoir peur de se montrer", glisse Marianne Maximi, dont l’enjeu du premier tour sera de faire mieux qu’en 2022 (34,50 %), le réservoir de voix restant très incertain pour le second.
Le RN absentLes mots de la députée sortante visent – entre autres – le candidat du RN. Car la campagne de Louis Clément est, pour l’heure, très discrète. Elle s’inscrit dans la stratégie du RN, qui mise sur ses prises de position nationales et laisse très peu de place à la personnalité et aux engagements de ses candidats sur les territoires, mais pas seulement… « On n’a pas eu de veine : on vient seulement de recevoir nos tracts et affiches, on sera plus présents dans les prochains jours », reconnaissait ce lundi Louis Clément, qui voudra faire mieux qu’Anne Biscos en 2022 (14,67 %).
Si le territoire n’est historiquement pas favorable au RN, la dynamique des européennes (19,95 % à Clermont pour Bardella, 26,29 % dans la circonscription) peut changer la donne : portera-t-elle Louis Clément au second tour, comme il a su le faire au printemps aux élections départementales sur le canton Clermont 1 ?
Le centre et la droite sur un même terrainLe centre ne peut pas, lui, miser sur cette dynamique, mais Hervé Prononce (Horizons - Ensemble pour la République) veut croire en ses chances : le maire du Cendre fait campagne sans compter ces jours-ci, aux côtés de son suppléant, le maire de Cébazat, Flavien Neuvy (UDI).
Le duo, plus à son avantage dans les communes « périphériques » de la métropole qu’à Clermont-Ferrand, incarne l’une des ambiguïtés de ce scrutin, dans le Puy-de-Dôme mais pas seulement : le camp du président Macron est parfois représenté par des candidats très critiques à son égard, même si Hervé Prononce assure que « si tout n’est pas bon dans Macron, tout n’est pas à jeter non plus. »
Reste une réalité : sur les marchés, dans cette campagne, le rejet d’Emmanuel Macron est profond, rendant le contexte sensiblement différent de 2022, lorsque l’ancienne députée macroniste Valérie Thomas était parvenue au second tour (27,33 % au premier) dans la circonscription.
Hervé Prononce mise donc plutôt sur « un sursaut républicain », là où Sébastien Galpier (Les Républicains) parle de « résistance républicaine face aux extrêmes. » Tous deux veulent rassembler « des sociodémocrates de gauche à la droite traditionnelle. » « Oui, mais Hervé Prononce avance masqué avec l’étiquette du camp Macron alors que nous, nous avons fait le choix de la clarté, du cordon sanitaire avec le RN, même si ce n’est pas la solution de facilité », reconnaît le candidat LR (11,28 % en 2022) qui pourrait pâtir de « l’affaire Ciotti ».
Arthur Cesbron