Où sont passés les maîtres-nageurs et autres surveillants de baignade ? C’est la question qui taraude les collectivités alors que les vacanciers vont bientôt affluer sur les bords des plans d’eau et dans les piscines publiques.À Cournon d’Auvergne, le maire qui recrutait trois maîtres-nageurs a dû jeter l’éponge et se résoudre à interdire purement et simplement la baignade, cet été, sur le plan d’eau de sa commune. Un crève-cœur pour l’élu et une très mauvaise nouvelle pour tous les habitués du seul plan d’eau de la Métropole, un lieu pris d’assaut dès qu’il fait chaud, d’autant qu’il est « gratuit, à la différence des piscines, et accessible en transports en commun ».
Baignade interdite au plan d'eau de Cournon d'AuvergneFrançois Rage a pourtant tout fait pour ne pas en arriver là. Le 28 mai, le conseil municipal avait relevé la rémunération des MNS de près de 200 euros, « dans l’espoir d’attirer des saisonniers ». « Nous assurions aussi l’hébergement », précise l’élu. Mais rien n’y a fait. Aucun candidat ne s’est présenté.Mauvaise nouvelle pour les habitués, la baignade sera interdite cet été au plan d'eau de Cournon faute de maîtres-nageurs sauveteurs.
Il faut dire que la noyade qui a endeuillé le plan d’eau, l’été dernier, a sûrement refroidi les bonnes volontés et que les Jeux Olympiques ont compliqué la tâche des collectivités.
Les CRS qui assurent traditionnellement les surveillances de baignade sur les côtes sont mobilisés à Paris. L’appel de l’océan ou de la Méditerranée a été plus fort que celui des piscines et plans d’eau
L’élu s’était donné jusqu’au 15 juin pour trancher entre « baignade non surveillée » aux risques et périls des usagers et « baignade interdite ». C’est finalement la dernière option qui a été retenue , lundi 24 juin.
Il n’y avait pas d’autre choix et qu’au-delà de notre responsabilité juridique, il y va de notre responsabilité morale.
La plage du plan d’eau est aménagée,« ce qui aurait incité les gens à s’y rendre». Pour bien faire, il aurait fallu la détruire tout comme le poste des MNS. Il n’en était pas question. Nous avons beaucoup investi dans cet équipement et pour la qualité des eaux de baignade contre les cyanobactéries notamment. Nous espérons bien que les choses rentrerons dans l’ordre, l’été prochain. Cette fermeture est exceptionnelle. Un arrêté va être pris et nous organiserons des contrôles ».
Des contrôles seront organisés.
Deux piscines fermées 15 jours en aoûtLes piscines, elles aussi, sont en difficulté. Cyril Brouze, directeur des sports de Clermont Auvergne Métropole, a fait les comptes et il lui manque quatre saisonniers pour faire tourner à plein régime les cinq équipements (Coubertin et Jacques-Magnier à Flamina à Clermont-Ferrand, Chamalières, Lempdes et Cournon) qu’il a en charge.« La moitié de notre personnel prend ses congés en juillet et août et, cette année, on a du mal à combler les effectifs avec des saisonniers. Pendant un an et demi, nous avons “bénéficié” de la fermeture pour travaux du centre aquatique de Chamalières, mais cette année tout a rouvert », explique-t-il.À situation nouvelle, réponse nouvelle. Clermont Auvergne Métropole a décidé de fermer, deux équipements, durant deux semaines en août et en alternance, à savoir la piscine de Cournon les 15 premiers jours du mois et celle de Clermont-Ferrand Nord (Flamina) les 15 derniers jours.
Ce fonctionnement en mode dégradé est une première, mais avec quatre équipements ouverts tout au long du mois d’août, nous maintenons une qualité de service satisfaisante pour les usagers.
Reste que si les JO ont joué les trouble-fêtes cette année, ils n’expliquent pas tout : il n’y a tout bonnement pas assez de MNS pour répondre à la demande, d’autant que ne s’improvise pas maître-nageur qui veut. Il faut être titulaire d’un BNSSA (Brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique) qui nécessite des mois de formation, sans possibilité d’accélérer la cadence.Clermont Auvergne Métropole va travailler avec les clubs de natation et de triathlon pour faire connaître le BNSSA auprès des jeunes athlètes et renouveler ainsi son vivier de saisonniers, Photo Remi Dugne
Des idées pour l'avenirFort de ce constat, les collectivités cherchent des solutions. Clermont Auvergne Métropole va « travailler avec les clubs de natation et de triathlon pour faire connaître le BNSSA auprès des jeunes athlètes et renouveler ainsi son vivier de saisonniers, pour les années à venir. »De son côté, Cournon réfléchit « à financer le BNSSA comme nous prenons en charge le BAFA pour les animateurs du centre de loisirs, sans garantie que ça marche néanmoins ». (*) La piscine de Cournon est un équipement intercommunal alors que le plan d’eau est municipal.
Géraldine Messina