"Cette élection n’est pas l’élection d’une femme ou d'un homme, ce n’est ni une élection présidentielle, ni un vote de confiance envers le Président de la République", a-t-il même asséné lundi dans une lettre aux Français diffusée par la presse quotidienne régionale.
A chaque occasion, le chef de l'Etat, sourd à tous les appels à plus de réserve, se fend de quelques mots sans équivoque : "Je nous souhaite le meilleur pour les jours à venir", a-t-il lancé vendredi au public réuni dans la cour de l'Elysée pour la Fête de la musique.
Inaugurant lundi la station de métro Saint-Denis - Pleyel, aux abords de futurs sites des JO, il a salué un "travail collectif", comme la République "sait" en faire, "en rassemblant toutes les forces de la Nation".
Une référence subliminale alors qu'un gouvernement de grande coalition, allant de la droite aux sociaux-démocrates, semble le seul scénario envisageable en l'état s'il veut échapper à une cohabitation avec le Rassemblement national ?
Emmanuel Macron aime aussi labourer le terrain des réseaux sociaux. Lundi après-midi, le podcast "Génération Do It Yourself" (Faites-le vous-même), qui donne la parole à ceux qui se sont "construits par eux-mêmes" (entrepreneurs, sportifs, artistes..) a commencé à diffuser une heure 45 d'entretien avec le chef de l'Etat.
"Dans le jeu"
"Au-delà de vos colères - elle s'est exprimée, je l'ai entendue, je vous redonne la parole - qu'est-ce que vous voulez ?", y demande-t-il, concédant au passage que sa majorité lui en "veut" aussi d'avoir décidé de dissoudre l'Assemblée nationale.
Au soir du deuxième tour, le 7 juillet, "ce sera la faute de personne", a-t-il encore assuré en réponse à ses détracteurs. "Ce sera la responsabilité des Français".
Affolés par l'impopularité présidentielle qui transforme chaque élection nationale en scrutin "anti-Macron", chefs de la majorité, ministres et députés sortants lui demandent instamment de rester à l'écart de la campagne.
Les candidats ne veulent même plus s'afficher sous l'étiquette Macron. "Continuons Ensemble !", proclame ainsi, parmi d'autres, le député Renaissance sortant Christophe Marion (Loir-et-Cher) sur son affiche de campagne, où il se présente comme le "candidat de Gabriel Attal, Premier ministre".
"Le rejet est très fort. On me dit +je vote pour vous mais pas pour lui+", raconte un député sortant. Mais il "veut rester dans le jeu", "lui il a un mandat qui continuera".
Dans une vidéo devenue virale, un sympathisant s'est même agacé auprès du Premier ministre Gabriel Attal : "Vous, vous êtes bien, mais il faudra dire au président qu'il ferme sa gueule".
"Il s'en souviendra"
Lors d'une réunion à l'Elysée au lendemain de la dissolution, le chef du Modem Français Bayou a lui-même suggéré de "démacroniser la campagne des législatives", rapporte un député sortant.
"C'est pour ça que je vais faire une conférence de presse", lui aurait alors répondu le président, selon la même source. Deux jours plus tard, il déclarait devant la presse qu'il ne ferait pas campagne aux législatives.
Des observations balayées aujourd'hui par son entourage. "En parlant à la presse quotidienne régionale, en répondant aux questions de Matthieu Stefani dans son podcast, le Président, à sa place, répond à des interrogations que se posent les Français", plaide-t-on.
Certains s'agacent aussi en rappelant qu'on lui a reproché l'inverse à la présidentielle et aux législatives de 2022. Il avait alors été accusé de ne pas faire assez campagne.
"Ceux qui lui reprochent de parler aujourd’hui l'accuseraient de se planquer s’il ne le faisait pas. Son seul intérêt ce sont les Français, pas le microcosme parisien", s'emporte un proche.
Quoi qu'il en soit, les lendemains d'élection s'annoncent compliqués. "Les députés, est-ce qu’il y en a un qui serait là sans Macron ? (..) Ils ont collé la tronche de Macron derrière eux toute leur vie. Et aujourd’hui, ils hésiteraient ? Il s’en souviendra, le chef", lance un macroniste historique.