Une Parisienne de 36 ans faisait son jogging dans la partie du parc du zoo de Thoiry (Yvelines) réservée aux voitures. Attaquée par trois loups, ce dimanche 23 juin, elle a été sauvée par les soigneurs qui ont accouru après avoir entendu ses cris. Une enquête a été ouverte sous le chef de blessures involontaires.
Sébastien Muller, directeur zoologique du zoo-refuge La Tanière, à Nogent-le-Phaye, près de Chartres (Eure-et-Loir) est un spécialiste des animaux sauvages, des fauves et des loups, avec lesquels il travaille au quotidien. Interview.
Pourquoi le loup peut-il attaquer l’homme ? Le loup est un animal plutôt peureux, en général, face à l’homme. Si un loup décide d’attaquer, c’est parce qu’il se sent menacé, il va aller défendre son territoire, ses petits. Neuf fois sur dix, cette espèce n’attaque pas pour tuer, mais pour faire reculer. C’est simplement pour eux une façon de dire “Tu n’as rien à faire sur mon territoire”. En général, le mâle alpha démarre l’attaque ou envoie son second pour déclencher les hostilités. Partout, dans le monde, quand il y a des accidents, une erreur humaine en est à l’origine. Et on remarque souvent que les gens sont indisciplinés. Au zoo-refuge, je me rends régulièrement dans l’enclos des loups, tout comme les soigneurs, et nous n’avons jamais eu aucun problème.
Quelles sont les caractéristiques de cette espèce, le loup de Mackenzie ?
Il est originaire du continent nord-américain et il fait partie des plus gros parmi l’espèce, avec des mâles pouvant peser jusqu’à 70-75 kg et atteindre 80 à 90 cm au garrot. La pression de leur mâchoire va jusqu’à 150 kg/cm². C’est deux fois plus que la mâchoire d’un pitbull par exemple, qui a la fermeture de mâchoire la plus puissante chez les chiens. Les loups peuvent manger 3 à 4 kg de viande par jour, avec des périodes de jeûne et sont organisés de façon très hiérarchisée. Dans la meute, après le mâle alpha et le second, on trouve ensuite les lieutenants ou subalternes, les louveteaux et les loubards jusqu’à un an, puis le souffre-douleur, aussi appelé l’omega.
S’ils avaient voulu la tuer, ils auraient pu le faire, en attaquant à la carotide et au niveau du ventre, même avec l’intervention des soigneurs.
Les blessures de la victime du parc de Thoiry, au cou, au mollet et au dos, sont-elles caractéristiques des attaques de loups ?
Ils ont voulu l’empêcher de continuer à courir en l’attaquant aux mollets pour l’immobiliser. Quand vous avez une meute de loups qui attaque, il ne faut pas deux minutes pour que la proie meurt. S’ils avaient voulu la tuer, ils auraient pu le faire, en attaquant à la carotide et au niveau du ventre, même avec l’intervention des soigneurs. J’espère seulement que ce ne sont pas les animaux qui seront encore dans le viseur et que l’on n’envisage pas de les euthanasier.
