"Une dinguerie ! Une dinguerie !" Après la victoire face à l'Autriche, la fédération française de football a diffusé une petite vidéo du retour aux vestiaires, sur laquelle on voit Ibrahima Konaté s'extasier sur la performance de Kanté. A côté, Youssouf Fofana acquiesce. "J'ai vu de mes yeux. c'est une dinguerie", lâche le Monégasque.
De fait, voir évoluer Niolo Kanté à ce niveau lors de l'Euro allemand a quelque chose d'assez irréel deux ans après ses derniers matchs en Bleu.
Avec son N.13 sur le dos, le petit milieu de terrain a encore été partout vendredi sur la pelouse de Leipzig et, par moments, tout est difficile à croire: son âge (33 ans), comme le championnat qui l'accueille depuis un an, celui d'Arabie Saoudite.
Modeste comme toujours, il n'a parlé que de collectif au micro de BeIN sport, après avoir pourtant été désigné homme du match, comme lors de la première rencontre face à l'Autriche: "On a eu pas mal d'occasions mais la déception c'est de pas avoir marqué et de ne pas avoir mis de quoi avoir la victoire qui nous permettrait d'être qualifiés dès ce soir", a-t-il regretté.
Celui qui était l'immense surprise de la liste de Didier Deschamps a encore un souffle de jeune homme et la même intensité, qu'il joue à Al-Ittihad ou à Chelsea comme à ses plus grandes heures.
Depuis le début du rassemblement, ses coéquipiers, ceux qui le découvrent comme ceux qui le connaissaient déjà, racontent que l'avoir avec soi à l'entraînement, c'est comme avoir un joueur de plus que l'équipe adverse. Ou deux. Voire trois.
L'impression a parfois été la même vendredi, notamment lors du début de match, où il a tout de suite touché énormément de ballons, sur une zone très étendue.
courir, courir, courir
Alors que sa convocation répondait en grande partie à la nécessité de couvrir l'absence initiale d'Aurélien Tchouaméni, qui n'a pas pu jouer contre l'Autriche, la présence vendredi de l'ancien Madrilène a permis à "NG" d'évoluer très haut, plutôt à droite.
Là, il a tout fait. Toujours disponible, il a touché une quantité invraisemblable de ballons, alternant récupérations, jeu court et même jeu long.
Il a dirigé du geste les uns et les autres, il a régulé le trafic et donné le tempo, qu'il a même ralenti lors de la fin de la première période, avant de réappuyer sur l’accélérateur autour de l'heure de jeu lors du temps le plus fort des Bleus.
Au bout du compte, on l'a vu dans toutes les positions et toutes les situations. A la 14e minute, c'est lui a qui a servi Antoine Griezmann comme un N.10 pour une très belle occasion française. A la 65e, une autre de ses passes pour son capitaine, lumineuse, aurait encore pu être décisive avec un peu de réussite.
Dans un registre plus habituel, il a aussi contré la frappe de Tijjani Reijnders (28e). Il a aussi frappé au-dessus (52e) et a même proposé un appel tranchant à gauche, comme un ailier ou un N.9 aux jambes légères (59e). Et puis, comme toujours, il a compensé, coupé les trajectoires et couru, couru et encore couru.
Quand il lui avait été dit avant le début de l'Euro que sa saison loin de l'Europe pourrait lui avoir coûté quelque chose au plan de l'intensité athlétique, le champion du monde 2018 avait répondu dans un sourire. "En Arabie saoudite, j'ai pu jouer une saison complète, enchaîner pas mal de matches", avait-il dit.
Il enchaîne encore à l'Euro et avec quel succès !