Trois mois après un Olympia déjà mémorable, Air rejouait Moon Safari, mardi 18 juin, dans le cadre mirifique du théâtre antique de Fourvière. Un passage immanquable du duo versaillais aux Nuits de Fourvière, moins d’une semaine avant d’ouvrir, lundi 24 juin, le festival Days Off à la Philharmonie de Paris. “Remember together/Remember forever”, comme le chante Jean-Benoît Dunckel pendant que Nicolas Godin joue de la basse comme (presque) personne.
À réécouter encore et encore Moon Safari (1998), l’un des classiques absolus de la French Touch, il y a un plaisir indéniable, et jamais coupable, à replonger dans cette musique rétrofuturiste, qui nous ramène autant un quart de siècle en arrière qu’aujourd’hui – c’est précisément la magie d’Air et le pouvoir évocateur de leur répertoire.
“En rejouant les morceaux, on s’émerveille de chaque trouvaille et de notre capacité musicale. Faire de la musique, c’est transposer les mélodies qui trottent dans l’air. Quelque part, Moon Safari nous a dépassés, reconnaissaient-ils franchement, dans notre interview exclusive en février dernier. D’ailleurs, le titre de l’album provient des Chroniques martiennes de Ray Bradbury, et on s’était aussi inspirés d’une chanson de Françoise Hardy, qui s’appelle Fleur de lune.”
Ainsi, réentendre Moon Safari du début stratosphérique (La Femme d’argent) à la fin interstellaire (Le Voyage de Pénélope) nous fait l’effet d’une madeleine de Proust et d’une parenthèse enchantée dans une actualité plombante et plombée. En admirables Electronic Performers, Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin achèvent cette nouvelle date de leur tournée moon safariesque par un mini-best of, auquel il manque encore Le Soleil est près de moi, chef-d’œuvre intemporel en toute saison, particulièrement en été. La Fête de la musique à son apogée.