De la pluie, des orages, une petite éclaircie, puis de la pluie, des orages, etc. Cela n’aura échappé à personne, ces derniers jours ont été, un peu partout en France, instables. L’occasion de s’intéresser d’un peu plus près à « l’infiltration des eaux pluviales » dans les sols. Un enjeu important à l’heure du changement climatique mais contrarié, il est vrai, par une urbanisation toujours plus importante.
Trésorier et fondateur, avec d’autres « spécialistes de l’eau » – comme ils se définissent – de l’association Préservons nos ressources en eau (P.R.Eau), basée à Limoges (Haute-Vienne) mais rayonnant dans toute la France, Barthélémy Chauvet a accepté de dégrossir le sujet.
L’effet « éponge » de la terre végétale. Sans surprise, l’infiltration de ces eaux de pluie est tout simplement le phénomène par lequel l’eau qui tombe du ciel arrive, plus ou moins, à pénétrer le sol.
« On part du grand cycle de l’eau, il pleut et une partie de l’eau s’infiltre dans la porosité du sol. Dans la nature, une terre végétale est poreuse et donc, les gouttes d’eau, comme une éponge, vont dans cette terre végétale. Puis, en fonction de la composition du sol, on va avoir des infiltrations et des circulations plus ou moins profondes. L’idée est donc de faire en sorte qu’on renvoie dans le sol, par infiltration, par perméabilité, les eaux. »
L’urbanisation qui change tout. Alors quel est le problème?? Si le circuit paraît, sur le principe, assez simple, l’urbanisation a évidemment changé la donne.
« Les constructions ont imperméabilisé les sols, c’est-à-dire qu’on construit des maisons, des routes, etc., qui vont concentrer l’eau aux descentes de gouttières ou dans les fossés par exemple. Et donc là où on avait tout un espace de terre végétale pour absorber cette eau et tout un circuit naturel de circulation d’eaux souterraines, tout cela est remis en question. Quand vous concentrez les eaux à un seul et même endroit, même si la pluie n’est pas soutenue, le sol ne va plus être en mesure d’infiltrer correctement, n’aura pas la capacité d’infiltration nécessaire. »
« Faire en sorte que le cycle de l’eau ne soit pas perturbé ou au minimum »La question des réseaux. Les enjeux environnementaux - mais aussi économiques - sont tels que le paramètre est donc aujourd’hui scruté de près. « La gestion des eaux pluviales par infiltration a le vent en poupe, reconnaît Barthélémy Chauvet. Elle est poussée par les collectivités, les professionnels, les constructeurs d’ouvrage, etc. » Et ce « pour deux raisons », résume-t-il : « La première, c’est évidemment à cause des périodes de sécheresse, notamment estivales, qui sont de plus en plus longues. Et donc ces stress hydriques nous poussent à préserver nos ressources et ainsi à renvoyer l’eau dans la nature. Parce que si on ne le fait pas, on renvoie dans les réseaux publics l’eau pluviale qui va soit directement dans les cours d’eau, dans le meilleur des cas, soit dans le pire des cas, elle est mélangée à un réseau d’assainissement. Donc l’eau est salie pour ensuite être nettoyée pour être finalement renvoyée toujours aux cours d’eau. Donc il y a la fibre écologique mais aussi l’aspect économique pour les collectivités. »
« Tout le monde est capable d’agir. » « L’objectif, c’est vraiment de faire en sorte que le cycle de l’eau ne soit pas perturbé ou au minimum. Que la goutte d’eau qui tombe sur la parcelle, reste sur la parcelle, qu’elle ne se déplace pas », insiste encore le cofondateur de l’association Préservons nos ressources en eau (P.R.Eau) qui vise à « promouvoir une gestion intégrée et durable de l’eau en restaurant le cycle de l’eau et en considérant l’eau de pluie comme une ressource ».
Et les membres fondateurs de l’association de répéter que « tout le monde est capable, à son niveau, d’agir. En faisant des aménagements très simples, on peut faire infiltrer son jardin, son terrain (voir ci-dessous). »
Au quotidien…
Association loi 1901 s’étant donnée pour but de « présenter, informer, sensibiliser, conseiller », Préservons nos ressources en eau (P.R.Eau) cherche à « apporter des informations aux citoyens, qui ne sont pas des spécialistes de l’eau, pour dire qu’ils peuvent favoriser l’infiltration de la moindre goutte d’eau ». « Malheureusement, les politiques locales ne sont pas assez incitatives, regrette Barthélémy Chauvet, trésorier et l’un des cofondateurs de l’association. Les particuliers ne sont pas assez informés pour faire, eux-mêmes, de l’infiltration et rétablir le cycle de l’eau de leur parcelle tel qu’il était avant de l’imperméabiliser. »
Outre les aménagements de terrain - « un petit modelage suffit parfois » -, l’association sensibilise également à la « déconnexion des réseaux ».
« Quelqu’un qui a une maison, un pavillon, il peut très bien déconnecter ses gouttières du réseau, juste en coupant, et donc en renvoyer l’eau dans son terrain comme elle devrait le faire naturellement et ainsi recharger les sols », avaient illustré les trois fondateurs Dominique Pontet (président), Barthélémy Chauvet et Éléonore Chauvet lors de la présentation de l’association. « C’est bien sûr au cas par cas, cela dépend la configuration des lieux, mais il y a souvent des choses à faire », détaille Barthélémy Chauvet, prenant l’exemple de Rennes Métropole (Ille-et-Vilaine) qui propose « une incitation financière » au « déraccordement des eaux pluviales du réseau public d’assainissement collectif ».
Jean-Adrien Truchassou