Il va de soi que les victimes sont peu de chose quand elles n’ont vocation qu’à mettre à feu et à sang les imaginaires, avant d’espérer mieux. À partir du moment où les indignations sont bancales parce que sélectives, à partir du moment où il faudrait choisir un camp ou privilégier des souffrances sur d’autres, l’instrumentalisation commence, l’humanité vacille. Il est des gangrènes lentes qui infusent en souterrain et n’attendent qu’un feu vert, un climat délétère et permissif, un camp arrimé au pouvoir, pour s’épanouir au grand jour. Le poison de l’antisémitisme circule dans la société française, c’est un fait. La haine, même déguisée sous les traits de desseins vertueux, reste la haine. Défendre la Palestine n’a jamais requis de menacer un autre peuple. Pourquoi exiger des juifs de France qu’ils répondent des actes d’Israël ? Sinon pour cacher son antisémitisme derrière la haine d’Israël ? L’Occident éclairé ne s’achemine pas dans un mouvement spontané vers le progrès. Sa dérive sourde devrait susciter autre chose que des ambiguïtés dans les discours. Elle requiert du courage.
l’éditorial
Florence Chédotal