Rencontre avec le réalisateur grec Zacharias Mavroeidis qui a réalisé The Summer with Carmen, le film le plus gay de l’été !
Dans The Summer with Carmen, sorti en France ce mercredi 19 juin, un bear trentenaire, Demosthenes, passe l’été sur un lieu de cruising athénien à écrire un film avec son meilleur ami, Nikitas, plutôt twink et bitchy. Cette comédie dresse un portrait singulier et sans tabou des vies gays occidentales. C’est le troisième long-métrage du réalisateur grec Zacharias Mavroeidis, que têtu· a rencontré. De ses études d’architecture à la genèse de ce film libre et surprenant, en passant par ses inspirations, l’amour des lieux de drague en plein air et ses projets de films, le cinéaste se raconte.
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- Comment est née l’histoire de The Summer with Carmen ?
Après mon deuxième long-métrage, Defunct, la crise du Covid est arrivée et c’est à ce moment, qu’a été écrit en grande partie The Summer with Carmen. En voyant le film, on peut s’imaginer rapidement que tout part de situations réelles et c’est assez vrai ! J’ai écrit le scénario avec mon meilleur ami, Fondas Chalatsis, dont ce n’est pas le métier, et ça parle de deux amis qui écrivent un film, donc c’est un peu comme des poupées russes. Pour le casting, il a fallu trouver deux acteurs qui avaient une bonne alchimie entre eux mais qui ne donnent pas l’impression d’être des amants. Et puis nous nous sommes inspirés de la relation particulière qui liait un ami à moi à sa chienne, Carmen. Donc oui Carmen existe vraiment !
- Quelles ont été vos inspirations ?
J’ai beaucoup construit ma cinéphilie avec Almodóvar qui est l’une de mes grosses influences. Plus généralement, je suis très inspiré par les cinéastes qui peuvent évoquer des sujets très sérieux sans se prendre au sérieux comme les frères Coen ou le maître suédois Roy Andersson. Et puis Panos Koútras est forcément une référence sur le champ du cinéma queer en Grèce, le film lui adresse d’ailleurs des clins d’œil. Son film Strélla est définitivement un marqueur fort du cinéma queer grec. C’était un film très courageux, affirmé et d’une grande beauté.
- The Summer with Carmen est un hommage aux lieux de drague ?
Je pense que mon film leur rend justice ! Ces lieux de drague sont souvent décrits comme sensuels, un peu sombres, dangereux comme dans L’Inconnu du lac. C’est l’une des facettes effectivement mais j’aime aussi qu’on voit ces lieux comme des terrain de jeux. Pas seulement orienté autour du sexe mais également des lieux de beauté : de beaux sites naturels, des environnements pittoresques, la mer… Ce sont des endroits qui permettent de s’amuser avec ses amis, d’être un peu foufous ou créatifs. On peut aussi juste prendre plaisir à y rester seul, sans forcément interagir avec les autres.
- Qu’est-ce qu’on ne peut trouver que dans ces espaces selon vous ?
Les lieux de cruising sont les premières versions des safe places, cela fait partie intégrante de l’identité queer et permet de franchir les lignes, de rencontrer des riches, des pauvres, des gens de droite ou de gauche. Quand on est nu, les marqueurs sociaux sont abolis et cela nous réunit. Les lieux de cruising sont un refuge de liberté pour notre communauté et permettent souvent des rencontres magiques. Ils nous permettent de revenir à la base, à notre identité, en faisant fi du monde qui nous entoure. La société grecque n’est pas durement homophobe mais un peu hypocrite sur ces sujets comme beaucoup de pays orientaux ou du sud. Tant que vous ne vous exposez pas comme queer en dehors de chez vous, tout va bien. Mais quand il s’agit d’être out et fier, cela devient problématique…
>> The Summer with Carmen, de Zacharias Mavroeidis. Au cinéma ce mercredi 19 juin.
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Crédit : Epicentre Films