On imagine aisément que les dernières heures, cette nuit du mardi 18 à ce mercredi 19 juin compteront pour des semaines entières, laisseront des traces. "Ce n'est pas tant l'appel du Codis qui restera gravé, car on sait, par expérience, que, quand le Codis fait sonner votre portable, c'est grave. C'est surtout le moment où l'on arrive sur les lieux de l'accident. En quelques secondes, on découvre tout ça. Il y a la voiture calcinée. Et, très rapidement, les décès ont été constatés, sur place."
Très affectéRefoulant ses larmes, Martial Lochon, visiblement très touché, doit largement puiser dans son expérience de maire depuis ces vingt-trois dernières années. Sa commune de Bailleau-le-Pin, située à une petite vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Chartres, où de nombreux médias nationaux convergent ce mercredi, a été le théâtre d'un terrible accident de la circulation, la veille, en fin d'après-midi.
Le bilan fait frissonner : sept morts -cinq jeunes nés entre 2005 et 2007 et un couple de 80 et 85 ans- et deux blessés. Quatre jeunes hommes et une jeune femme de Lucé (2), de Bailleau-le-Pin, d'Illiers-Combray et de Berchères-les-Pierres. Deux personnes âgées d'Illiers-Combray.
"Depuis le temps que je suis maire, des drames, j'en ai vu, mais de cette ampleur, jamais. On voit cela à la télé, aux infos. On n'imagine pas y être confronté un jour."
Dans la soirée de ce mardi 18 juin, pas loin de l'accident qui a coupé la circulation sur le RD921 jusqu'à 23 heures, Martial Lochon a dû accueillir, prendre en charge une maman d'un jeune Lucéen décédé.
"Le moment a été très compliqué, mais comment cela peut être autrement. On se retrouve face à des familles brisées. Ce n'est pas dans le cours de la vie de perdre un enfant. Alors, on essaye juste, dans ces moments innommables, d'être là."
Suivra, dans la nuit, la famille du jeune de Bailleau-le-Pin. "Je connaissais les parents juste de vue, pas spécialement leur enfant. Leur fils unique, âgé de 18 ans. Ce matin, j'ai eu sa grand-mère au téléphone qui ne comprenait pas comment cela avait pu se passer. Elle était effondrée. C'est normal de vouloir comprendre, mais comment expliquer un tel événement ?".
"Si l'on peut injecter une petite goutte d'humanité...""Aujourd'hui, je pense énormément à ces familles. Je leur présente mes condoléances. Concernant la famille de Bailleau, aujourd'hui, on respecte bien sûr leur intimité, leur peine immense. Mais s'il y a le moindre besoin dans les jours qui viennent, on sera là. Cela fait partie de nos missions. Si l'on peut injecter une petite goutte d'humanité dans ces moments..."
Revenant au contexte de l'accident, Martial Lochon rappelle que la RD 921, qui rejoint Bailleau-le-Pin à Illiers-Combray, est un axe très fréquenté, "par 10.000 véhicules par jour". "Il y a déjà eu des accidents ici, même si cela fait un moment maintenant et jamais de cette gravité. À cet endroit, il y a quelques virages et la route est encadré de talus des deux côtés. S'il y a perte de contrôle, un choc, les voitures sont renvoyées sur la route."
Et puis l'essentiel, les familles, revient très vite : "Je leur envoie tout mon soutien, tout mon respect. Cet événement marquera l'histoire de notre commune."
Emmanuel Brun
