Candidat à sa réélection aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet, le député du Rassemblement national (RN) Sébastien Chenu affirme, afin de convaincre l'électeur gay de ne pas craindre le parti d'extrême droite, avoir milité en faveur du mariage pour tous. Il passe sous silence qu'il a également porté, aux côtés de Marine Le Pen, l'abrogation de la loi Taubira.
"Il n'y a pas de raison d'agiter de fausses peurs." Ce lundi 17 juin au micro de France Inter, Sébastien Chenu, député sortant du Rassemblement national (RN), est venu rassurer les électeurs gays qui hésiteraient, au regard notamment de l'histoire de son parti, à voter pour l'extrême droite aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet : "Nous sommes attachés aux droits [LGBT+], notamment au mariage pour tous pour lequel j'ai milité", martèle-t-il, sans contradiction. Or, s'il est vrai qu'il a défendu le mariage des homos en 2013 – il était alors engagé à droite et avait présidé l'association LGBT+ libérale GayLib –, il a ensuite porté son abrogation dès son passage en 2014 au Front national (FN, devenu RN).
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Retour en arrière. "Le mariage est une solidarité interfamiliale. C'est nécessaire", arguait Sébastien Chenu en 2011 après avoir signé une tribune dans L'Express "pour le mariage homo". À peine trois ans plus tard, en 2014, le voici aux côtés de Marine Le Pen, dont le parti lui a proposé une place de responsable de la culture. La présidente du Front national porte alors la promesse d'abroger la loi Taubira, arguant que "le mariage est une revendication ultra minoritaire portée par un micro lobby"… Sébastien Chenu mange donc son chapeau, n'excluant plus d'abolir le mariage pour tous : "Il faudra l'évaluer", dit-il sur France Inter. "L'amélioration du pacs, c'est-à-dire la capacité de reconnaître les couples quels qu'ils soient sans que ça s'appelle forcément le mariage, c'est exactement ce que j'ai défendu à l'époque", développe-t-il même, dans une première relecture de l'histoire repérée par le Huffington Post.
Le RN contre tous les droits LGBT+
Mais voilà, en cette période d'élections législatives, Sébastien Chenu prend soin de poursuivre la stratégie du vernis arc-en-ciel du RN : mettre en avant ses élus gays et leurs positions gay-friendly pour masquer que le parti s'est systématiquement opposé à toutes les avancées des droits LGBTQI+ (le mariage des homos, l'adoption par des couples homos, l'ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes, l'interdiction des "thérapies de conversion", etc.).
⚠️Contre le pacs, le mariage pour tous, l'ouverture de l'adoption aux couples homos et de la PMA aux lesbiennes… le Rassemblement national et ses alliés ont toujours lutté contre les droits LGBT : pic.twitter.com/cb4HFJe6zD
— têtu· (@TETUmag) June 11, 2024
Plus récemment, au Parlement européen, le Rassemblement national a refusé de dénoncer les "zones anti-LGBT" en Pologne, ou encore l'homophobie d'État mise en place en Hongrie par Viktor Orbán, allié de Marine Le Pen. Les élus d'extrême droite se sont également abstenus de voter une résolution visant à mieux pénaliser l'homophobie et la transphobie. En France, les députés du RN ont déposé en avril une proposition de loi visant à interdire les transitions de genre des mineurs, soutenant également celle qu'a fait voter la droite au Sénat.
Désormais, le RN s'est allié pour les législatives à Éric Ciotti, l'ancien/actuel président des Républicains, c'est-à-dire à la frange la moins LGBT-friendly de la droite, ainsi qu'à Marion Maréchal-Le Pen qui, entre ses attaques contre le "fanatisme transgenriste", contre la famille du créateur gay Simon Porte Jacquemus, contre les drag queens porteuses de la flamme olympique et contre une actrice trans primée au Festival de Cannes, propose de supprimer les subventions versées aux associations LGBT+. Bref, quoi qu'en dise Sébastien Chenu, voter pour l'extrême droite c'est bien voter contre l'adversaire historique des tous les droits LGBTQI+.
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Crédit photo : capture d'écran France Inter