Elle a grandi dans une ville de 30 millions d’habitants, à 1.200 km de la mer et sans une rivière où se baigner ; la première fois qu’elle a vu l’océan, c’était en France, à 25 ans. Mais sa fascination pour ce milieu, son dessous et son dessus, les animaux et les plantes qui y vivent et les hommes qui y travaillent, tout ce monde aquatique et marin l’a toujours fascinée.
Au point de nager, plonger et naviguer sur un trois-mâts du XVIII siècle. Au point qu’elle en a fait le cœur de l’exposition qu’elle présente à l’église Saint-Pierre. Shuling Liu a créé, avec Matéo Clausse, les oiseaux en céramique commémorant le 9 juin. Autre univers, mais même matériau, pour une part, dans les installations qui habitent le cœur de l’édifice.
Ballet de bateaux en origami.Des moulages de poissons, en porcelaine donc, ceux qu’elle contemple avant de les manger. Des fossiles de poissons devenus Pêche fantôme après découpe au laser. Des bois morts collectés sur la plage ou dans les bois, qui retrouvent valeur et vie, dressés en équilibre, et ouvre « une conversation possible entre les hommes et les autres espèces ». « On les regarde avec une sorte de respect, chacun y voit ce qu’il veut. »
Le rêve des profondeurs
Une vidéo qui raconte sa balade sur une île d’Estonie un jour de chaleur mortel pour les méduses. Une « cathédrale pour crabes, coquillages ou poulpes », à immerger, un jour. Une « chorégraphie anti-pollution », qui dessine des origamis de bateaux. Un filet tissé à la manière des pêcheurs.
Et, pièce maîtresse, une installation sombre et lumineuse à la fois, phosphorescente et luminescente comme le fond des océans ou un ciel étoilé. « Les poissons aussi regardent la mer », une plongée saisissante et poétique, en suspension et en tension. La mer, décidément, réserve bien des surprises.
« Amer » à voir jusqu’au 25 juin, dans l’église Saint-Pierre, du lundi au samedi de 14 heures à 18 heures, le mercredi et samedi de 10 heures à 12 heures.
Blandine Hutin-Mercier