Pourquoi les Gaulois ont-ils construit un temple au sommet du puy de Dôme, au IIe siècle après Jésus-Christ ? On peut se poser la question, surtout en imaginant les difficultés qu’ont dû affronter les bâtisseurs de l’époque pour monter à plus de 1.400 mètres d'altitude les blocs de trachyte issus du cratère Kilian, près du col de Ceyssat.
Hélène Dartevelle, archéologue-ingénieure à la Direction régionale des affaires culturelles Auvergne-Rhône-Alpes, apporte une réponse : « En général, au milieu du IIe siècle, il y a une phase de réaménagement et d’embellissement dans toutes les villes gallo-romaines, et c’est le cas d’Augustonemetum. Souvent, on rebâtit des édifices publics selon une autre mode. On sait que le temple de Mercure s’inscrit dans cette période. Il y a un lien très fort avec la ville antique. On trouve des parallèles avec des édifices comme le Vasso Galate, temple très important à Clermont-Ferrand, qui entretient des liens architecturaux assez étroits avec celui-ci. »
Depuis le sommet, on apercevait la ville et « depuis les rues carroyées, est-ouest, on voyait le temple émerger. Nous avons fait des essais pour voir ce que cela pouvait donner et on le distinguait très bien depuis le bas ».
Les pèlerins montaient à pied naturellement. « On passait sûrement par la vallée de Royat où il y avait des thermes, note Hélène Dartevelle. Puis on arrivait sur l’agglomération qui était située au col de Ceyssat. Et on poursuivait l’ascension par le sentier des Muletiers, comme aujourd’hui. Il faut imaginer qu’il y avait sûrement des pôles sanctuarisés ici et là avant d’arriver au sommet. »
Le mur sud a été reconstruit et mis en valeur lors des travaux (photo Franck Boileau).
Des objets découverts lors des fouilles et conservés au musée Bargoin confirment que le temple était dédié à Mercure, dieu protecteur des voyageurs et des commerçants, et à l’empereur régnant.
XXe siècleAuguste Audollent et Gabriel Ruprich-Robert pilotent de nouvelles fouilles, entre 1901 et 1906. L’une des découvertes majeures est celle de la statuette de Mercure en bronze, conservée au musée Bargoin, qui confirme le culte voué au dieu Mercure.
XXIe siècleAvancées majeures grâce aux fouilles menées par Dominique Tardy et Jean-Louis Paillet, archéologues de l’Institut de recherche sur l’architecture antique du CNRS. On date le temple (vers 140 après J.-C.) et on définit les espaces de cheminement des pèlerins à l’intérieur.
(*) Plus d’infos sur le site puy-de-dome.fr/culture/archeologie.
Thierry Senzier
