Dernière ligne droite pour la photographe Anouck Everaere. Sa résidence à la Cour des arts (*) s’achèvera le 20 juin et il reste encore beaucoup à faire pour achever le travail de création entrepris autour du poinct de Tulle.
D’abord, elle a tiré le portrait de douze dentellières (dont un dentellier) de l’association pour le renouveau du poinct de Tulle. À charge pour elles de réaliser une pièce en dentelle qui agrémentera la photo, cousue à distance de la toile pour permettre le mouvement. Manière de « raconter son savoir-faire et son style, ce que sa création raconte d’elle », explique Anouck Everaere.
Portraits brodésDes étoiles, des fleurs de lotus, une dentelle noire aux bords effilés, un réseau fait main en grillage… Certaines propositions sont très libres, d’autres plus traditionnelles. « A nos âges, on n’aime pas bien se voir en photo, mais c’est naturel au moins ; on est comme on est. Il a fallu que ça mûrisse, qu’on se rende compte de la manière dont ça allait se concrétiser. Là, on verra qui fait le travail, apprécie Arlette, qui finalise son motif. Je l’ai fait avec goût et tous les poincts y sont. »
Une autre série de photos dresse le portrait de jeunes, élèves du lycée agricole de Naves notamment, portant des pièces de dentelle anciennes. « Elle est à l’intérieur de l’image cette fois, précise Anouck Everaere, mais il est encore question de transmission. C’est intéressant que la jeunesse rencontre ces pièces de musée qui sont faites pour être portées. C’est aussi moderne, ça dépend de qui et comment on les porte. »Anouck Everaere a appris le poinct de Tulle pour cette résidence.
Armée de poingsTravail plus personnel, la photographe achève aussi un poing dressé, tendu sur une palette et un réseau retrouvé dans un grenier. « J’ai demandé aux dentellières de faire des poings en poinct, comme une armée de poings. C'est devenu un modèle récurrent de mon travail ici. » Ce symbole de la lutte marque « une revendication à s’affirmer comme travailleuses d’un métier féminin, qui a servi la population en silence. Signe d’une antinomie entre le geste et la matière, la délicatesse et une certaine violence. »
Tous ces travaux seront à découvrir du 19 septembre au 2 novembre, à la Maison de la Cour des arts et au Point G.
(*) Quatre périodes de 15 jours depuis décembre 2023.
Blandine Hutin-Mercier