A quelques jours du scrutin européen, le 9 juin, le dernier baromètre de Capital Export révèle que les PME et ETI françaises se préoccupent davantage des résultats des présidentielles américaines et d’un retour du protectionnisme que du renouvellement du Parlement européen.
Paradoxe. Si deux tiers des dirigeants interrogés par Opinion Way pour la société de capital investissement Capital Export affirment vouloir développer leurs activités en Europe, ils ne sont que 17 % à estimer que l’issue du scrutin européen aura un impact sur leur activité à l’international. En revanche, 27 % s’inquiètent des résultats des présidentielles américaines, en novembre prochain.
« Jamais en effet dans l’histoire récente, les élections américaines n’ont été aussi cruciales sur le plan économique, politique et géopolitique », constate l’étude. L’hégémonie américaine sur le commerce mondial n’est plus à démontrer, ni les conséquences d’un retour de Donald Trump au pouvoir. Pour le reste, sur le terrain, les exportateurs tricolores se focalisent sur les marchés du Vieux Continent.
67 % des entreprises sondées concentrent le développement de leurs exportations vers les pays de l’Union européenne. Cette part a bondi de 12 points sur un an et de 15 points pour la seule Europe de l’Ouest. Seuls 7% d’entre elles priorisent les États-Unis (- 3 %) et 9 % l’Asie. Alors que cette dernière région fait preuve de dynamisme sur le plan économique, les PME exportatrices la boudent. Et de plus en plus.
La méfiance à l’égard des marchés asiatiques a en effet progressé de 12 points en trois ans, passant de 40 % en 2021 à 52 % cette année. Désormais, seulement 4 % des sondés envisagent de se développer en Chine, 4 % en Asie du Sud-Est et 1 % en Inde. Le marché chinois vit certes une période de repli depuis la pandémie de Covid-19, mais les économies de l’Inde et des pays de l’Asean sont parmi les plus dynamiques au monde.
Toutes destinations confondues, seules 17 % des PME exportatrices réalisent plus de la moitié de leur chiffre d’affaires hors des frontière de l’Hexagone, soit 3 % de moins qu’il y a un an. Pour 42 % d’entre elles, l’export n’est tout simplement pas un sujet prioritaire. Cette année devrait néanmoins est celle de la reprise puisque 57 % des sondés souhaitent renforcer leur activité à l’international, une part proche de ceux qui ont vu leur activité à l’export stagner l’an dernier (62 %).
Après une annus horribilis pour le commerce international, un vent d’optimisme semble même souffler sur les esprits des dirigeants interrogés par Opinionway. L’inflation et la géopolitique les inquiètent moins et 51 % estiment que la période actuelle est propice à l’internationalisation. Pour ce faire, 72 % pensent qu’il est important de disposer de relais locaux sur place et 63 % plébiscitent les Chambres de commerce et d’industrie françaises à l’étranger.
Moins intéressés par les élections européennes de ce dimanche 9 juin que par les présidentielles américaines, les dirigeants français continuent cependant de privilégier les marchés européens dans leur développement hors frontières. La proximité géographique et monétaire en fait des valeurs sûres à l’export. D’autant que les entreprises craignent un retour en force du repli sur soi. 32 % des sondés s’inquiètent de la mise en place de mesures protectionnistes dans les cinq prochaines années.
Sophie Creusillet
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