Un Tulliste de 47 ans, domicilié à Nice, a été condamné à Tulle à six mois de prison ferme, et plusieurs peines complémentaires, pour avoir loué pendant six ans des appartements, à Tulle et Brive, en Corrèze, à des prostituées.
Costume bleu marine, chaussures vernies, bien mis de sa personne, un Tulliste de 47 ans comparaissait, hier, devant le tribunal de Tulle, accusé de proxénétisme hôtelier. Il est soupçonné d’avoir loué durant six ans, plusieurs appartements à des prostituées, la plupart étrangères, et ce, à Tulle et à Brive, en Corrèze.Placé sous contrôle judiciaire, il est arrivé libre au tribunal et ne s’attendait sans doute pas à vivre un si mauvais moment. Trois quarts d’heure plus tard, après que la présidente du tribunal, Mme Clerc, a relaté les faits, les éléments de l’enquête de police, la procédure, la multitude de témoignages, les comptes rendus des écoutes téléphonique et ses petits secrets (bien gras et vulgaires au possible) révélés par la saisie de ces deux smartphones, messages et photos… le quadragénaire n’affichait déjà plus tout à fait la même tête.
"Parfois, j'ai eu des doutes"
Licencié d’une entreprise de BTP, le « quadra » a acheté plusieurs appartements, à Tulle mais aussi à Brive qu’il louait en Airbnb, parfois par la plateforme, parfois en direct. À Tulle, avenue Victor-Hugo, et à Brive, rue Gambetta et avenue Léon-Blum. À Tulle, les va-et-vient des clients et les allées et venues de femmes, souvent d’origine africaine, ont fini par attirer l’attention. Durant toute l’année 2023, les policiers de Tulle ont procédé à une surveillance et l’enquête a montré que le propriétaire louait ses appartements à des prostituées qui travaillaient depuis un site Internet. Et ce depuis 2018.L’enquête de police a montré que tous les contacts, par téléphone, par messageries, par Whatsapp arrivaient sur les adresses IP du prévenu. À tel point que la procureure a pu dire lors de ses réquisitions « qu’on pouvait suivre le parcours des prostituées, souvent depuis Limoges, depuis la gare de Brive, jusqu’aux appartements brivistes du prévenu, le “sex’tour” s’achevant à Tulle ».Il arrivait que des voisins, dans une naïveté légitime d’honnête citoyen, alertent le prévenu, supposant qu’il ignorait qu’on se livrait à la prostitution dans ses appartements.Devant le tribunal, le prévenu a assuré qu’il ignorait tout. « Parfois, j’ai eu des doutes », concède-t-il.*
« J’avais même des pèlerins… »Les nombreux préservatifs, les flacons de lubrifiant, les sex toys retrouvés lors de la perquisition après son interpellation le 8 avril dernier ? Il ne savait pas.« Parfois j’avais même des pèlerins qui louaient mes appartements », dit-il.« Alors quand ce sont des pèlerins, vous savez que ce sont des pèlerins qui sont chez vous, mais quand ce sont des prostituées, vous ignorez ce qu’elles y font », s’insurge la présidente.Le défenseur du prévenu, Me Bertrand Druart aura beau déployer son talent, arguant qu’il ne s’agit que de suppositions, qu’il n’y a pas de preuve réelle du délit, le tribunal n’a que très peu minoré les réquisitions de la procureure.Le Tulliste a été condamné à 12 mois de prison dont six mois ferme qu’il effectuera sous bracelet électronique. Ses appartements de Tulle et Brive seront saisis et confisqués. Il a également interdiction de gérer ou d’administrer une entreprise commerciale et il suivra un stage de sensibilisation à la lutte contre l’achat d’acte sexuel.Enfin, à la demande de Me Sandy Lacroix, il devra payer 1.600 euros à une association de lutte contre le proxénétisme qui s’était portée partie civile. Arnaud Besnard