1944-2024 : voilà 80 ans que débutait la libération de la France. Dans ce contexte, les mouvements des divisions allemandes du sud remontant vers le front de l’ouest vont causer de nombreuses tragédies qui émaillent leur déplacement. Répondant aux ordres de rassemblement au mont Mouchet dans le Cantal, de jeunes résistant partent de Montluçon (Allier) en convoi, le 8 juin.
Nez à nez avec les AllemandsDans la nuit, en traversant le Montel-de-Gelat, un véhicule se trompe de route, suivi d’une dizaine d’autres en direction de Saint-Avit. Dans ce bourg, ils bifurquent pour reprendre l’itinéraire prévu et s’engagent sur la route de Clermont. Sur cet axe, ils se trouvent nez à nez avec un convoi allemand, entre le Cheval-Blanc et Bavard. La surprise est des deux côtés, mais les soldats ont l’expérience du combat que n’ont pas les jeunes résistants qui tentent de fuir. Le combat est inégal, les rares fusils des novices ne font pas le poids face aux armes automatiques de l’industrie allemande. Dans les fermes voisines, les tirs nourris et le bruit des explosions de grenades réveillent en sursaut les familles de paysans. Au petit matin, une grande partie des habitants du secteur, dont certains qui s’étaient cachés dans la campagne par crainte d’être arrêtés, découvrent l’horreur. L’odeur et la fumée des véhicules en train de brûler ne sont rien face à la découverte des trois premiers corps éparpillés. Avant de tomber sur l’amoncellement d’autres, rassemblés dans un fossé, dépouillés. Plus loin, quatre autres cadavres gisent, calcinés, à côté du camion encore en feu… À Bavard, trois hommes réfugiés chez un habitant ont été insouciants : les Allemands ont fouillé tout le secteur pour ne pas laisser de survivants, le trio a été retrouvé et fusillé sans sommation. La population est sonnée, mais se mobilise pour rendre leur dignité aux morts : le secrétaire de mairie, Louis Perrière, a pris les dispositions pour l’identification des corps, Marie Demeneix a pratiqué les toilettes mortuaires, le menuisier Laguet, aidé de Fernand Bolle, a fabriqué à la hâte les cercueils. Les obsèques ont été célébrées par l’abbé Tixier, l’inhumation a eu lieu dans des caveaux prêtés par les familles de la paroisse.
Tombes entretenues par la municipalitéL’euphorie de la nouvelle du débarquement a laissé la place à une profonde tristesse, à une crainte peu rassurante sur la suite des évènements.
Plus tard, grâce au remarquable travail d’identification, presque tous les corps des martyrs ont été repris par leurs familles. Seuls deux restent enterrés dans le cimetière de la commune. Les deux tombes sont entretenues par la municipalité. Deux ans plus tard, un monument, en pierre de Volvic, est érigé sur le lieu, en même temps que la stèle de Bavard pour inscrire dans la pierre le sacrifice des 32 résistants. Les commémorations s’organisent depuis avec les deux communes de Condat et Saint-Avit réunies par le plus important massacre de résistants du département.
Des cérémonies prévues le 22 juinCette année, les cérémonies auront lieu le 22 juin, date anniversaire de l’inauguration des monuments. La tragédie a eu lieu dans la nuit du 8 au 9 juin, mais les élections européennes ont contraint les municipalités à décaler la date, sans pour autant réduire leur volonté de se souvenir et de transmettre la mémoire du sacrifice des jeunes Français morts en voulant libérer leur pays du joug nazi il y a 80 ans. Il n’y a plus de témoins de l’évènement, le devoir de mémoire reste donc à la charge des générations suivantes.