Gaël Morel est de retour au cinéma avec Vivre, mourir, renaître. Trois verbes pour trois personnages traversés par l'amour, et frappés de plein fouet par l'épidémie de sida. En sélection officielle au Festival de Cannes 2024.
Aux côtés de Christophe Honoré et Alain Guiraudie, le réalisateur Gaël Morel fait partie de ces figures gays du cinéma français que l'on se réjouissait de retrouver cette année au Festival de Cannes. À raison ! Avec son nouveau film, Vivre, mourir, renaître, le cinéaste propose un récit résolument queer, autant sur la période fatidique qu'il dépeint qu'à travers les dynamiques amoureuses modernes qu'il explore.
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Avec en toile de fond la France des années 1990, le film s'attarde sur Emma et Sammy, un jeune couple qui s'apprête à emménager, avec leur premier enfant, dans leur nouvel appartement fraîchement rénové. C'est au sein du même immeuble que Cyril, photographe talentueux, a installé sa chambre noire pour développer ses clichés. Une proximité se met vite en place entre les deux hommes qui, de fil en aiguille, débutent une histoire d'amour dans le plus grand des secrets. Un jour, l'artiste apprend à son amant qu'il est séropositif et sous traitement. Mais c'est une autre nouvelle qui va venir chambouler leur équilibre, ainsi que leur futur…
Un film d'amour avant tout
Aux antipodes de l'inévitable 120 Battements par minute de Robin Campillo, Vivre, mourir, renaître n'est pas une œuvre sur la crise sida et la lutte des associations. Ici, la maladie est un prétexte pour tester les limites des trois protagonistes, leurs liens et l'amour qu'ils se portent. De par leurs thématiques communes et son titre en trois temps, impossible de ne pas penser à Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré, où le sida est également abordé à travers des destins individuels. Mais on songe également à un film plus récent, Le Temps d'aimer de Katell Quillévéré, pour son sens du mélodrame et son récit sentimental qui brave les années.
Porté par un casting de qualité – on salue en particulier la performance de Théo Christine –, Gaël Morel tisse entre ses personnages des liens forts qui échappent aux schémas classiques. Malgré la tromperie initiale, la jalousie n'est pas le sentiment dominant ; il y a beaucoup de respect, d'humilité, d'affection entre Cyril, Sammy et Emma qui, face à l'urgence de la vie, sont radieux d'empathie et d'humanité, faisant de Vivre, mourir, renaître un film solaire, malgré son sujet difficile.
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Crédit photo : ARP Sélection