Le Fonds monétaire international (FMI) a assuré, jeudi 23 mai, anticiper un déficit public pour la France "nettement supérieur" aux prévisions du gouvernement en 2027, et a appelé l’exécutif à mettre en place "de nouvelles mesures" dès 2024 pour ramener la dette sur une trajectoire descendante.
"De nouvelles mesures de consolidation budgétaire sont recommandées à moyen terme en commençant dès 2024, afin de ramener la dette sur une trajectoire descendante", écrit le FMI en conclusion d’une mission en France appelée "article 4", tablant sur un déficit public à 4,5 % du PIB en 2027 contre 2,9 % pour la prévision du gouvernement, et à huit jours de la publication par l’agence S & P Global de sa notation pour la France.
Cette différence tient selon l'organisation internationale au fait que "les principales mesures de revues et d'économies en dépenses qui sous-tendent l'ajustement prévu restent à identifier". Pour 2024, le FMI table sur un déficit public à 5,3% du PIB, quand le gouvernement mise sur 5,1%.
L'exécutif a dit en avril miser sur un objectif "réaliste et ambitieux" pour repasser sous la limite de déficit fixée par Bruxelles, portant notamment sur un effort budgétaire qui représente 20 milliards d'euros d'économies supplémentaires en 2024 puis encore 20 milliards en 2025.
Avant le FMI, le Haut Conseil des finances publiques (HCFP), avait déjà estimé que les prévisions de réduction du déficit d'ici à 2027 manquaient de "crédibilité" et de "cohérence". Cette analyse du FMI survient à huit jours de la publication par l'agence S&P Global de sa notation pour la France, après le statu quo des agences Moody's et Fitch fin avril.
Dans ses conclusions, le FMI ajoute que les hypothèses macroéconomiques émises par le gouvernement "pourraient s'avérer (...) optimistes", à l'heure où la France mise sur une croissance de 1% cette année, supérieure à celle des principaux instituts de conjoncture, dont le FMI qui table sur 0,8%. Parmi ses préconisations d'économies, le FMI insiste sur le fait de cibler les allocations chômage et les dispositifs de soutien aux travailleurs et aux entreprises ou de réformer les dépenses fiscales.
"En l'absence de mesures supplémentaires, la dette atteindrait 112% du PIB en 2024 et augmenterait d'environ 1,5 point de pourcentage par an à moyen terme", alerte le FMI.
Ce niveau d'endettement "expose l'évolution future des finances publiques à une augmentation inattendue des coûts de financement ou à une baisse de la croissance qui viendrait aggraver les pressions budgétaires", ajoute-t-il.