En pleine guerre meurtrière dans la bande de Gaza palestinienne, des pays européens ont annoncé mercredi une initiative visant à reconnaître un État de Palestine, un projet déjà fustigé d’avance par Israël. Pour l’État Hébreu, les projets de reconnaissance d’un Etat palestinien sans solution négociée constituent une "récompense" pour le Hamas, mouvement islamiste palestinien soutenu par l’Iran, pour son attaque le 7 octobre depuis la bande de Gaza en territoire israélien.
Les infos à retenir
⇒ L'Irlande, l'Espagne et la Norvège annoncent la reconnaissance d'un Etat palestinien
⇒ L’UNRWA suspend ses distributions de nourriture à Rafah
⇒ L’aide via le port temporaire américain toujours pas distribuée
L’Irlande, tout comme l'Espagne et la Norvège, ont annoncé mercredi leur décision de reconnaître un Etat palestinien. "Aujourd'hui, l'Irlande, la Norvège et l'Espagne annoncent que nous reconnaissons l'Etat de Palestine", a déclaré Simon Harris, saluant un "jour historique et important pour l'Irlande et pour la Palestine". Le ministère israélien des Affaires étrangères a déjà publié mardi soir un message vidéo à l’adresse de Dublin sur le réseau social X pour l’avertir que "reconnaître un Etat palestinien risque de vous transformer en pion dans les mains de l’Iran" et du Hamas.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a annoncé à son tour mercredi, après ses homologues norvégien et irlandais, que l'Espagne reconnaîtrait un Etat palestinien le 28 mai. "Mardi prochain, le 28 mai, l'Espagne adoptera en conseil des ministres la reconnaissance de l'Etat palestinien", a déclaré Pedro Sánchez devant les députés espagnols. Il a également accusé son homologue israélien Benyamin Netanyahou de mettre "en danger" la solution à deux Etats avec sa politique de "douleur et de destruction" dans la bande de Gaza.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a annoncé mercredi le rappel "pour consultations" de ses ambassadeurs en Irlande et en Norvège après la décision de la Norvège reconnaître un Etat de Palestine et l'annonce attendue de l'Irlande. "Aujourd’hui, j’envoie un message clair à l'Irlande et à la Norvège : Israël ne restera pas silencieux sur cette question", a déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, cité dans un communiqué de ses services.
L’Autorité palestinienne a annoncé la mort de huit Palestiniens dans un raid militaire israélien à Jénine, en Cisjordanie occupée, où l’armée a dit mener une opération contre des cellules armées du Hamas et du Jihad islamique. Dans la nuit de mardi à mercredi, le Croissant-Rouge palestinien a indiqué qu’une de ses ambulances avait été la cible de tirs israéliens à Jénine alors qu’elle tentait de porter secours à un blessé.
En soirée, le raid israélien était toujours en cours avec des échanges de tirs opposant soldats israéliens et hommes masqués et armés, ont constaté des correspondants de l’AFP. Des panaches de fumée noire s’élevaient à l’intérieur du camp de réfugiés de Jénine, attenant à la ville. L’armée israélienne a annoncé dans un communiqué mener une opération, sur la base de renseignements "concernant des activités terroristes menées par des hommes armés appartenant aux organisations terroristes du Hamas et du Jihad islamique dans la région de Jénine".
L’aide humanitaire arrivée au port temporaire construit par les Etats-Unis à Gaza n’a toujours pas été distribuée à la population, menacée de famine dans le territoire dévasté par la guerre entre Israël et le Hamas, a annoncé mardi le ministère américain de la Défense. Chargée à Chypre, cette aide devait être distribuée "rapidement", avait promis la semaine dernière les autorités américaines, alors que l’acheminement de vivres est quasiment à l’arrêt, depuis qu’Israël a pris le 7 mai le contrôle côté palestinien du poste-frontière essentiel de Rafah avec l’Egypte. "Je ne crois pas" qu’aucune de ces quelque 569 tonnes d’aide ait été distribuée, a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.
"Nous savons bien que les voies terrestres sont le meilleur moyen d’acheminer l’aide", a ajouté Pat Ryder. "Il est également important de rappeler que c’est une zone de combat et qu’il s’agit d’une opération complexe". Plus tôt mardi, les autorités chypriotes avaient annoncé que quatre navires américains et français faisaient la navette sur une distance d’environ 360 kilomètres entre le port de Larnaca, à Chypre, et la bande de Gaza.
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a confié mardi n’être pas sûr que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou soit prêt à des compromis en vue d’un accord de normalisation avec l’Arabie saoudite. "Je ne peux pas vous dire si Israël, qu’il s’agisse du Premier ministre ou du pays dans son ensemble, est prêt à faire en ce moment ce qui serait nécessaire pour parvenir à une normalisation" avec l’Arabie saoudite, a déclaré Antony Blinken, interrogé lors d’une audition parlementaire à Washington.
"Car pour cela, il faut mettre fin à la (guerre dans la) bande de Gaza. Et cela nécessite une voie crédible vers un Etat palestinien. Sont-ils capables et désireux de le faire en ce moment ? Je n’en sais rien", a-t-il dit. Les propos d’Antony Blinken interviennent au moment où les discussions progressent entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite sur un pacte de sécurité bilatéral, lequel est "à portée de main", selon lui.
L’agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens, l’UNRWA, a annoncé mardi suspendre ses distributions de nourriture à Rafah, ville du sud de la bande de Gaza, théâtre de combats entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.
"À la suite de l’opération militaire (israélienne) en cours dans l’est de Rafah", depuis le 7 mai, "le centre de distribution de l’UNRWA et l’entrepôt du PAM", le programme alimentaire mondial, "tous deux situés à Rafah, sont désormais inaccessibles", affirme l’agence sur X, et "les distributions de nourriture sont actuellement suspendues en raison du manque de fournitures et de l’insécurité" dans la ville.
Sous la pression de la Maison-Blanche, Israël est revenu mardi soir sur sa décision d’interrompre la retransmission par l’agence américaine Associated Press de sa vidéo en direct de la bande de Gaza ravagée par plus de sept mois de guerre entre Israël et le Hamas. "Etant donné que le ministère de la Défense souhaite examiner la question des diffusions et le risque pour nos forces, j’ai ordonné d’annuler l’opération et de rendre l’équipement à l’agence AP" jusqu’à ce que le ministère de la Défense se prononce, a indiqué le ministre israélien des Communications Shlomo Karhi. Cette décision a été annoncée après que le gouvernement américain a indiqué être "en contact direct" avec le gouvernement israélien et lui avoir demandé de rétablir le direct.
Associated Press avait annoncé plus tôt dans la journée que son direct vidéo sur le territoire palestinien avait été coupé par Israël qui accuse l’agence de presse de violer une loi ayant permis aux autorités israéliennes d’interdire la chaîne qatarie Al-Jazeera sur leur territoire. AP a attribué la coupure à "une utilisation abusive par le gouvernement" de Benyamin Netanyahou de la loi votée début avril qui permet d’interdire la diffusion en Israël de médias étrangers "portant atteinte à la sécurité" de l’Etat.