Un essai inscrit à l’aller à Castres, un nouveau marqué ce samedi face à ce même CO (36-20). Léon Darricarrère a joué bien des tours à l’équipe entraînée par son père David. Et si l’on en juge le petit sourire en coin du technicien castrais après la réalisation de son fiston, le rejeton ne risque pas d’être renié de la famille.
« Je ne pense pas quand même (rires). J’espère qu’il est tout de même un peu fier de moi, même s’il a perdu. À la fin du match, nous nous sommes retrouvés. Il m’a parlé de cet essai et il est content de ce que je fais. Mais il me dit toujours que je suis capable de mieux faire. Mais il est comme ça… Après, je n’ai pas vu sur le terrain quand il a souri après mon essai. Les autres m’en ont parlé, mais je vais regarder le replay, c’est certain. »
Le contexte était évidemment très particulier avec un fils affrontant l’équipe de son père. À l’aller, Léon Darricarrère avait intégré le groupe à la dernière minute suite au forfait de Pierre Fouyssac (sa compagne étant sur le point d’accoucher). Le trois-quarts centre clermontois n’avait donc pas eu le temps de gamberger. La donne était largement différente cette semaine où le joueur a su qu’il allait disputer la rencontre depuis mardi. « Ce n’était pas un match facile à préparer pour lui, avoue Christophe Urios. Quand tu as ton père en face sur le banc… Je m’imagine un peu dans leur contexte familial, cela ne doit pas être simple quand même. »
Surtout pour un jeune homme de 19 ans effectuant sa première saison pleine en Top 14. Mais voilà, comme beaucoup de joueurs de sa génération, la pression semble glisser sur ses épaules. Comme pour désacraliser le moment, Léon est passé à l’hôtel des Castrais vendredi soir pour bavarder avec son paternel.
« C’est quelque chose d’important pour moi de pouvoir échanger avec lui. Même si je sais qu’il était de l’autre côté, sur le banc, c’est toujours spécial pour moi. Honnêtement, je ne vais pas mentir et dire que cela ne met pas un peu plus de pression. Je suis content car je sais qu’il a un peu les boules. Donc c’est cool (rires). J’évite quand même de lui mettre des pièces. J’ai énormément de respect pour lui et il restera le patron. »
Un essai plein d’autoritéS’il n’est pas encore le taulier, Léon Darricarrère a pris ses responsabilités du haut de ses 19 ans. Et tout particulièrement quand il est entré à nouveau sur le terrain en deuxième période. À l’image de ses coéquipiers, le jeune centre semblait à court d’énergie en début de rencontre. Même si le principal intéressé concède préférer enchaîner, le coaching de Christophe Urios à la mi-temps (il fut remplacé par Julien Hériteau à la pause) l’a relancé. Son magnifique essai inscrit en fin de match (71e) où il résiste à deux plaquages est un modèle du genre.
« Quand il est entré en jeu, je l’ai vraiment trouvé fringant après une première mi-temps poussive. L’essai qu’il marque, il est magnifique. Au-delà de nous faire du bien », se satisfait Christophe Urios.
Une réalisation qui veut également dire beaucoup de la place qu’est en train de se faire le centre dans l’effectif clermontois. Il y a quelques mois, personne n’aurait pu parier sur une telle éclosion. Léon Darricarrère ne veut surtout pas se prendre la tête et prendre ce qu’il y a à prendre. « Comme je le dis souvent, il y a eu des opportunités avec les blessures. J’essaie juste de les saisir. Je donne tout. Quand on est jeune, il faut faire le taf et essayer de s’imposer. »
S’il reste beaucoup de travail à effectuer et de progrès à accomplir, il semble tout de même sur la bonne voie. Avec un père qui veille au grain. Même sur le banc d’en face.
Arnaud Clergue