Baptiste Jauneau n’apprécie pas trop l’exercice, il est vrai particulier, de la conférence de presse d’avant-match. Mais comme Christophe Urios a pour habitude d’envoyer systématiquement son capitaine, le jeune homme n’a guère le choix que celui d’assumer.
« Cela fait partie du rôle de capitaine… Venir parler, je ne me trouve pas très bon là-dedans (rires). Ce n’est pas quelque chose que je prépare, je me contente simplement de répéter les messages de la semaine. »
Les messages, Baptiste Jauneau préfère visiblement les passer à l’intérieur même du vestiaire. Un rôle de leader qu’il a eu beaucoup de mal à endosser en début de saison mais qui semble aujourd’hui de plus en plus lui coller à la peau.
"Je ne pense pas avoir vu de telles capacités chez un joueur aussi jeune"« Quand vous avez un guide avec de telles capacités, c’est un vrai soulagement, souligne Rob Simmons. Baptiste, c’est un gars qui mène le groupe par ses actions comme il l’a montré le week-end dernier face à Perpignan. Il fait vraiment avancer l’équipe et je crois qu’il est en train de grandir en tant que leader et en tant que joueur. Je ne pense pas avoir vu de telles capacités chez un joueur aussi jeune, à part peut-être Will Genia. S’il atteint son potentiel, Baptiste sera un très bon joueur. »
De la part d’un international australien aussi capé que Rob Simmons (106 sélections), les remarques sont d’autant plus objectives. Le Wallaby a bien remarqué que quelque chose avait changé chez son demi de mêlée ces dernières semaines. Souffrant d’une douleur récurrente à une cheville en première partie de saison, Baptiste Jauneau a eu toutes les peines du monde à exprimer toute l’étendue de son potentiel.
L’exemple de Perpignan« Le déclic, je l’ai eu en même temps que l’équipe, réfléchit le joueur. Le fait que nous soyons dans une dynamique positive, m’a permis de mieux revenir. Après, dans ma tête, j’ai toujours été à 100 %. À Pau fin décembre, je me sentais prêt mentalement mais le corps ne suivait pas (il s’était blessé la semaine précédente à Gloucester, ndlr). Il fallait que je fasse quelque chose. Il fallait que je reprenne du rythme. Et surtout remettre les choses dans l’ordre afin que mon jeu soit plus calme. »
« Baptiste a passé trois ou quatre mois difficiles parce que sa cheville le gênait, abonde Christophe Urios. Il n’était pas en confiance, car il était préoccupé par ça. Le leadership n’était alors pas sa priorité. Il voulait avant tout retrouver son niveau. Et depuis qu’il a retrouvé son niveau physique, il enchaîne de mieux en mieux. Et quand tu es bon, tu es légitime. Tu parles davantage et surtout, tout le monde t’écoute. »
Illustration faite la semaine dernière à Perpignan. Après une prestation majuscule, Baptiste Jauneau a pris la direction des opérations dans les ultimes instants de la partie. Les Clermontois ne menaient que de quatre points avec quelques minutes à jouer (32-28). Pénalité à suivre pour l’ASM. Alors que Benjamin Urdapilleta et d’autres préféraient aller en touche, Baptiste Jauneau a pris la décision de prendre les trois points malgré un renvoi perpignanais à suivre. Personne n’a bronché et l’ASM a mis l’USAP à 7 points (35-28). Le signal fort d’un capitaine écouté.
Arnaud Clergue