Comme Rafael Nadal ou Novak Djokovic avant lui, Müller a eu le droit aux acclamations du public romain lorsqu'il a emprunté la passerelle qui surplombe le Foro Italico et ramène les joueurs vers le "players", où ils ont leurs vestiaire, restaurant et salle de sport.
Eliminés, Nadal et Djokovic, respectivement décuple et sextuple vainqueur des Internationaux d'Italie ont, eux, déjà quitté Rome. Müller, 27 ans, lui va disputer au moins encore un match.
Le 109e mondial a étouffé Rublev, récent vainqueur du Masters 1000 de Madrid, en trois sets 3-6, 6-3, 6-2.
Le match était pourtant mal engagé pour le Francilien de naissance qui a découvert le tennis à six ans lorsque sa famillle a déménagé près d'Aix-en-Provence dans une maison dotée de son propre court.
Rublev, implacable et frappant fort, a empoché la première manche en 33 minutes. Mais la belle mécanique russe s'est déréglée dès le début du deuxième set à cause des ajustements tactiques du Français.
"Comme une araignée"
"J’ai changé plein de petits trucs au fur et à mesure du match, au service, j'ai essayé de ne plus chercher l'ace (...) Quand je servais fort, il retournait très bien, cela ne le gênait pas spécialement, j'ai un peu adapté mon jeu et cela s'est bien passé", a expliqué Müller.
"Avec mon revers, j'étais moins agressif, je le frappais plus à plat pour ne pas me faire attaquer, il était plus neutralisé, il pouvait moins me faire mal (...) Cela s'est fait petit à petit comme une araignée qui tisse sa toile", a-t-il détaillé.
Alors qu'il n'avait jamais battu de joueurs du top 10 en cinq tentatives, ni du top 20 en huit tentatives, Müller a validé sa victoire sur sa troisième balle de match avec un ace plein d'autorité.
Au prochain tour, il affrontera mardi ou mercredi le Chilien Nicolas Jarry (24e). Ce spécialiste de la terre battue, qui a terrassé l'Italien Stefano Napolitano (125e) 6-2, 4-6, 6-4, est a priori à sa portée.
"Je suis persuadé qu’à part deux-trois joueurs qui, quand ils marchent sur l’eau, sont au-dessus, derrière il a sa place, il peut tous les battre, il faut qu’il en soit persuadé", a insisté son entraîneur Xavier Pujo qui est revenu récemment à ses côtés après un hiatus de trois ans.
Son protégé, dont le titre de gloire était jusque-là sa finale du tournoi ATP 250 de Marrakech en 2023, refuse de s'emballer.
Militants écologistes
"C'est la plus belle victoire de ma carrière. Est ce le plus beau jour ? Je ne sais pas trop, moi, c'est un long fleuve tranquille, jamais dans les extrêmes", a-t-il balayé.
"Cela va me booster en confiance (...) Beaucoup disent que j'ai toutes les armes pour faire ch...r le top 10, c'est à moi d'y croire encore plus, j'y crois, mais je devrais y croire plus", a conclu le premier Français à rallier les huitièmes de finale à Rome depuis Ugo Humbert en 2016.
Dans une journée qui a débuté par l'interruption pendant une trentaine de minutes de deux matches par des militants écologistes, seul parmi les favoris Rublev a mordu la poussière.
La N.1 mondiale Iga Swiatek a empoché son billet pour les quarts de finale face à l'Allemande Angelique Kerber (331e) 7-5, 6-3 tandis que le Grec Stefanos Tsitsipas (N.8) a pris le meilleur sur le Britannique Cameron Norrie (30e) 6-2, 7-6 (7/1).
La Japonaise Naomi Osaka (173e), ancienne N.1 mondiale devenue mère pour la première fois, comme Kerber, a été stoppée en huitièmes de finale par la Chinoise Quinwen Zheng (7e) 6-2, 6-4.
"Cela fait longtemps que je n'avais pas aussi bien joué sur terre battue. En fait, je n'ai jamais bien joué sur terre", s'est-elle toutefois réjouie.