Drôle d’ambiance à l’Eurovision cette année. Clausewitz dit que la politique c’est la poursuite de la guerre par d’autres moyens. Tout événement international, culturel ou sportif est désormais la poursuite de la guerre idéologique par d’autres moyens. Tout est politique, disaient les déconstructeurs de 68. Ils ont gagné. Nos fractures et nos combats s’invitent dans un innocent télé-crochet.
Une jeune fille de 20 ans, Eden Golan, qui interprétait une chanson gentiment pacifiste, a été assignée à résidence dans sa chambre et protégée par un hélicoptère de la police. Des manifestants surchauffés ont salué sa qualification en piétinant le drapeau frappé de l’étoile de David. Sa concurrente irlandaise, qui se présente comme une sorcière, a pleuré quand elle a appris que l’Israélienne était qualifiée pour la grande finale. Enfin, Eden Golan a été huée par une partie de la salle pendant qu’elle chantait.
La nouveauté n’est pas tant la politisation que l’on observe lors de cet évènement (Berlin, en 36, c’était déjà aussi très politisé !), mais la massification. A travers les réseaux sociaux ou les votes par téléphone, des millions de gens peuvent participer à un lynchage. Tout événement peut se transformer en Jeux du cirque avec des pouces levés ou baissés.
Ne comptez pas sur moi pour me prononcer sur la qualité artistique de l’Eurovision.
Politiquement, la haine d’Israël – et par extension ou confusion, celle des juifs, qui a longtemps été le ciment des pays arabo-musulmans – est désormais la marque de fabrique des islamo-gauches occidentales. Pour autant, il faut le répéter sans relâche : la défense des Palestiniens demeure légitime. Mais ces derniers n’intéressent ces néo-tiersmondistes que quand ils sont tués par des Israéliens. Et ils se fichent bien par ailleurs des Soudanais ou des Ouighours.
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L’autre leçon à tirer, c’est que ces foules haineuses sont minoritaires. Au vote du public, Eden Golan est arrivée 2ème. On peut évidemment penser qu’il s’agissait d’un vote militant, et pas uniquement musical. Souvent communautaire, mais pas seulement. Le vote pour Israël a été très fort dans des pays où la présence juive est infime comme au Portugal, en Espagne et même dans la très « progressiste » Irlande. La majorité silencieuse refuse que la haine anti-juive s’installe dans nos sociétés, et cela ne l’empêche pas d’être solidaire des Palestiniens par ailleurs.
Le hic, c’est que les minorités hargneuses décoloniales contrôlent largement les campus, qu’elles bénéficient de sympathies médiatiques et intimident les gouvernements. Elles influencent les organisations et jurys de grands raouts comme l’Eurovision ou Cannes, qui donnent chaque année des gages au wokisme, au metooisme et au LGBTisme ambiant. À l’Eurovision, c’est le non-binaire et le gender fluid qui se portent très bien. Après Conchita Wurst et Dana International il y a quelques années, nous avons assisté samedi soir à la victoire du/de la Suisse Nemo, que Libé appelle iel et qui a défilé avec la bannière des fiertés non-binaires, drapeau dont j’ignorai jusqu’alors l’existence.
Tout ceci révèle les contradictions au sein du progressisme. Il faudrait expliquer aux foules compassionnelles que les artistes qu’elles applaudissent ici seraient, au mieux, persécutés par le régime du Hamas auquel elles trouvent tant de vertus à Gaza.
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