Loin des cages et d’un public déchaîné, loin des images choquantes d’un enchaînement ensanglanté au sol, loin des réseaux sociaux médiatisant le MMA, la pratique de ce sport de combat aux multiples facettes s’enseigne à Lezoux, dans un cadre très précis. Et reste entre les mains de personnes très réfléchies.
À l’image de Xavier Massimino, 52 ans, ancien lutteur en compétition, et qui gère la section MMA du club de Lezoux. Lequel a forcément vu une évolution dans l’approche de cette activité, depuis que la pratique professionnelle est autorisée en France en mode "compétition", et accessible au plus grand nombre, du moins via les écrans.
"Si on avait déjà beaucoup de demandes de la part de jeunes de 16 à 18 ans, désormais, ceux en dessous de 15 ans sont intéressés", affirme Xavier. "Alors ils viennent, et on adapte l’entraînement", quitte à freiner quelques ardeurs.
"Il a fallu en calmer quelques-uns""Les plus jeunes viennent clairement pour la bagarre, c’est l’image qu’ils voient. Mais ici le cadre est donné, prévient le coach. Alors effectivement ils vont se battre, mais les règles sont claires, dans le respect des autres, de l’entraîneur, et des règles de combat. Il a fallu en calmer quelques-uns (rires)."
Si le premier point concerne l’âge des licenciés, un autre concerne l’origine de ces derniers. Jeunes ou moins jeunes, ils avaient l’habitude de venir d’un autre sport de combat, que ce soit la lutte, la boxe, le judo, ou d’arts martiaux divers. "Mais aujourd’hui, il y a des gens qui arrivent et qui n’ont jamais rien fait", s’amuse Xavier.
Ici, on reprend tout à zéro, même si ça fait beaucoup à assimiler, entre le pied, le poing, les techniques de boxe thaï ou savate, et celles dites de soumission au sol.
L’essor du MMA attirant de nouveaux pratiquants, l’encadrant lezovien l’explique aussi par la perception qu’il engendre : "Les médias expliquent que c’est le triathlon des sports de combat. Alors oui, ce qui gênait beaucoup, ce sont les frappes au sol, ça peut être choquant. Mais l’avoir légalisé et plus montré, fait que les gens s’aperçoivent que c’est un sport de combat guère différent des autres."
Les compétiteurs ne sont pas acceptésSi à Lezoux, les choses semblent "plus calmes" qu’à la télé, c’est parce que le niveau est amateur, presque en mode découverte, et surtout, parce qu’il n’y a pas de compétiteurs. Une interdiction dans les rangs de la cité des Potiers. "En termes d’exigence, de présence, d’investissement, c’est plus simple pour nous, continue Xavier. Il faudrait faire des groupes de niveau, etc. Et puis ça permet de maintenir une super ambiance, avec un groupe homogène dans l’état d’esprit."
Recherche de soi, progression personnelle, rencontrer des copains, le MMA à Lezoux permet surtout d’absorber les mêmes "techniques" que les meilleurs, tout en se protégeant aussi. "Lors d’un assaut à 100 %, on a quand même le casque, le plastron et les protège-tibias."
Alexandre Chazeau
Pourquoi sont-ils là ? Emris et Lorenzo, 14 ans tous les deux, sont arrivés cette année. Si le second vient de la lutte, veut se maintenir en forme et trouve le MMA "marrant", Emris lui, n’est pas "intéressé" par ce qu’il voit du MMA à la télé. Il est venu via ses copains, pas encore totalement serein face aux coups à prendre. Maxence et Lucas eux, ont 16 ans, et viennent chercher "une façon d’exprimer ce que l’on ne peut pas dans d’autres sports. Et c’est une passion". Romane elle, est la seule fille de la section. Voilà trois ans qu’elle pratique le MMA, et est passée par le viet vo dao et la boxe française. "Mais ce n’est pas assez intense. Même si des fois, j’ai mal avec le MMA à cause des coups, on s’habitue vite."