À l’heure où commencent à fleurir les terrasses aux abords et dans le parc des Sources, le lieu connaît une métamorphose majeure, destinée à en faire une place centrale du cœur de ville.
Le 6 mai dernier, dans notre volet consacré à la faune, il était question d’un cruel manque de diversité. Et la flore présente originellement dans le parc est en cause. "Le sol était très tassé, peu travaillé et il y avait aussi un vrai appauvrissement de la végétation", souligne Dominique Scherer, directeur des espaces verts de la Ville. "Beaucoup de limon et d’alluvions étaient présents dans le sol, poursuit-il. Tout l’écosystème bénéficiait de peu d’air et de peu à manger pour se développer correctement."
L'ajout de matière organiquePour pallier cette absence de biodiversité, suite à l’analyse des sols qui a révélé la préexistence d’une flore horticole, le paysagiste en charge du chantier du parc des Sources, Carlos Goncalves, gérant de l’entreprise Axe Saône, a orienté son travail sur "la régénération et l’alimentation des sols en ajoutant de la matière organique, tels des bactéries et micro-organismes, provoquant, entre autres, le retour des vers de terre."
L’ensemencement a ensuite été réalisé sur l’ensemble des surfaces du parc, y compris les surfaces revêtues. À l’œuvre, les agents ont donc réalisé cette "réinjection dans le sol". Une démarche plutôt "expérimentale pour une opération emblématique", d’après les termes de Carlos Goncalves.
Deux grosses campagnes de plantation ont eu lieu à l’automne 2023, ainsi qu’en février dernier, complète Carlos Goncalves. Les plantations ont suivi le rythme de l’avancée des travaux.
Pour ce qui est de la nouvelle conception de cet espace, l’objectif pour le paysagiste, était de "retrouver l’origine du parc". Le choix s'est donc porté sur des strates de végétation à différentes hauteurs, pour enrichir la palette végétale, tout en veillant à réduire les surfaces minérales. Cinq strates ont ainsi élu domicile dans le tout nouveau parc des Sources : le gazon ; les plantes herbacées ; les plantes vivaces ; les arbustes et arbrisseaux et enfin, les arbres de haut jet. "Une pluristratification destinée à optimiser tous les services mircosystémiques du lieu", indique le paysagiste.
Des plantes attendent encore d'être plantées au coeur du parc des Sources.
La plupart de ces plantes, élevées et "biberonnées" en pépinières, ont été sélectionnées pour leurs qualités, notamment de résistance face aux évolutions climatiques, mais certaines d’entre elles correspondent à des essences historiquement présentes, tel le févier d'Amérique. "Nous avons décelé des traces de semences singulières, que l’on a essayé de réintroduire. Mais nous étions aussi contraints dans le choix des arbres et végétaux à implanter par rapport à ce qui existe en pépinière", poursuit Carlos Goncalves.
Une biodiversité nécessaire"Demain, la Ville pourra, via son Centre de production horticole, encore enrichir la palette végétale du parc, en développant des gammes de végétaux locaux. 90 plantes de ce type devraient être produites a priori. Aussi, le paillage installé au sol, dans un bois des plus naturels, pourra être remplacé par de petites plantes rampantes, comme le thym ou le serpolet", ajoute Dominique Scherer.
Des plantes de toutes sortes composent donc le tableau du parc des Sources, qui se dévoilera, en partie, le 21 juin prochain. Des végétaux mellifères, produisant nectar et miellat, attireront quant à elles les insectes pollinisateurs. Ceci pour agrémenter une palette végétale bien absente au moment du démarrage des travaux. Et comme l’a maintes fois répété Dominique Scherer, le credo selon lequel : "Il faut qu’il y ait de la biodiversité pour qu’il y ait de la vie", n’a jamais été plus vrai qu’au parc des Sources en ce moment même.
20 % : C'est la proportion de sols désimpérméabilisés depuis le début du chantier. Cela représente plus de 6.000 mètres carés de surfaces végétales dans le parc des Sources.
Une large partie du site a été désimperméabilisée, mais la bétonisation était nécessaire pour protéger la galerie souterraine du parc.
Un parc "moins minéral""Par rapport à ce qui était prévu au départ, de gros changements se sont opérés. Nous partions sur un découpage en strates pour implanter les végétaux. Finalement l’ensemble du parc a été planté d’une seule tenue", poursuit Carlos Goncalves. Cet élément-là explique aussi l’avancée du chantier, tant du point de vue des structures déjà réalisées, comme l’allée centrale bordée de platanes, que des plantations et des revêtements.
Un gros travail de désimperméabilisation du site a aussi été mené, mais par souci de sécurité "du béton en couches de 15 centimètres, a été posé pour protéger la galerie souterraine du parc. Il est impossible de traverser n’importe où, au risque de fragiliser la galerie", explique Dominique Scherer, à la tête du service des espaces verts de la Ville.Malgré la croyance commune, le lieu est ainsi bien "moins minéral", qu’il ne l’était avant sa transformation et tout est fait pour éviter que ne s’y forme un îlot de chaleur.
Texte Chloé Goigoux, photos Renaud Baldassin
