Une chose est sûre, Benjamin Urdapilleta n’ira pas en rajeunissant et à 38 ans, le meilleur est assurément derrière lui. Mais il a encore des choses à dire dans ce concert impitoyable du Top 14, des trucs à montrer même si sa saison à Clermont n’est pas exempte de pépins en tout genre.
Son expérience, son vécu du haut niveau et la grinta inscrite dans son ADN en font encore un joueur précieux. On l’a vu, samedi 11 mai, à Perpignan, quand l’ASM était mal embarquée et menaçait de couler à pic, si d’aventure personne sur le terrain sonnait la rébellion et évitait que les rubans flottent un peu trop au vent.
C’est dans ce type de situation, où il n’y a finalement plus grand-chose à perdre, que Benjamin Urdapilleta peut être le chaînon gagnant. C’est ce que pense en tout cas son coach, Christophe Urios.
"Benji, c'est un gagnant"« Benji amène ce qu’amènent certains joueurs, cette confiance, à son staff mais aussi aux autres joueurs. Tu sais que défensivement il va y aller. Tu sais que dans le jeu au pied, ça va être précis. Tu sais qu’il amène ce côté moteur, c’est un gagnant. On a eu souvent du mal à gagner entre la 60e et la 80e. Aujourd’hui, c’est la preuve que quand on gagne les 60-80, eh bien on se rapproche d’un grand match ».
Pourtant, à son entrée en jeu, à l’ouverture, avec Belleau glissant au centre, les premières animations manquent de précision et de justesse. Un ballon tombé ou mal maîtrisé n’a jamais réduit les intentions de l’ancien Castrais, qui a attaqué ensuite la ligne, histoire de semer un peu plus le doute, après l’heure de jeu, dans les têtes catalanes.
Le pied, lui, ne tremble pas. Face aux perches ou dans celui de pression et d’occupation, l’Argentin avait réglé la mire, ce samedi. Il remporte même le petit jeu de « ping-pong », souvent pratiqué par les équipes ne voulant pas s’exposer ou à court de solutions.
Et puis, intervient l’action qui change tout. La décision qui fait basculer la rencontre, qu’a toujours menée l’USAP jusqu’à la 75e minute. Urdapilleta remonte un ballon de ses trente mètres sur un long jeu au pied perpignanais, avant de monter une « quille » dans le camp catalan.
La chandelle éclairante reprise par JauneauSurgit alors le diablotin Jauneau qui s’empare de la balle et s’en va de sa foulée nerveuse et sèche entre les poteaux. Son partenaire et ouvreur argentin court tout sourire dans l’en-but féliciter son jeune demi de mêlée. Coups de maîtres de la paire de demis et entrée décisive d’Urdapilleta.
Pour Rabah Slimani, la patte de l’ancien Castrais a forcément pesé : « Benjamin amène la sérénité et l’expérience. Il arrive à calmer le jeu, surtout à la fin alors que c’était bouillant ».
Bouillant, voilà un autre adjectif qui colle également à ce joueur de tempérament.
À Perpignan, Christophe Buron