L’association Solidarité paysans en Auvergne, qui vient en aide aux agriculteurs en difficulté, a tenu son assemblée générale le mois dernier, à Grenier-Montgon. L’augmentation croissante de son activité reflète un réel mal-être dans le monde agricole.
Le monde de l’agriculture a démontré sa colère en début d’année. Sur les ronds-points, au bord des routes, beaucoup d’agriculteurs ont exprimé un mal-être face à une baisse toujours plus importante de leurs revenus. Certains finissent par se retrouver dans des situations financières, morales ou psychologiques délicates. C’est la raison pour laquelle l’association Solidarité paysans en Auvergne leur vient en aide.
Un accompagnement de deux à trois ansLors de son assemblée générale, tenue le mois dernier à Grenier-Montgon, des chiffres ont permis de mettre en lumière la situation actuelle. Sur l’ensemble de l’année 2023, 252 agriculteurs en difficulté ont été accompagnés. Ce chiffre comprend les dossiers en cours, au nombre de 181. "Un accompagnement est réalisé sur plusieurs années, deux ou trois en général", précise Laure Gaillard, chargée de la communication. Ils sont donc 71 nouveaux à avoir sollicité l’association en 2023. À la fin du premier trimestre 2024, ils étaient déjà 44. D’ici la fin de l’année, si la tendance se poursuit ainsi, le nombre d’agriculteurs accompagnés va exploser.
Même si d’expérience, on sait qu’ils sont toujours plus nombreux à cette période de l’année car il y a moins d’activité.
Quelle en est la raison ? Entre la forte augmentation des coûts de production, la diminution des marges ou la libération de la parole, l’association n’a pas d’explication pour le moment. Les chiffres sont une chose, mais pour les membres de Solidarité paysans, l’urgence, c’est d’agir. "La porte d’entrée, quand ils nous appellent, c’est presque tout le temps pour des problèmes financiers. Mais quand on parle avec eux et que l’on gratte, on met le doigt sur d’autres problèmes." Difficultés administratives, familiales, relationnelles au sein d’un Gaec… Les causes sont nombreuses.
Alors, pour aider au mieux les agriculteurs, Solidarité paysans les accompagne avec un employé de l’association et un bénévole. "Nous en avons de plus en plus et c’est une bonne chose. Ils sont tous issus du monde agricole." Agriculteurs, enseignants agricoles, commerciaux dans l’aliment… Les profils sont variés. Et c’est une chance. "Quand nous accompagnons un agriculteur, nous mettons un bénévole dont le profil est en lien avec les besoins."
Une modification de la méthode de travailSeulement voilà : face à l’explosion des demandes, l’association se voit contrainte de faire évoluer sa manière de travailler. "Cette année, pour prendre tout le monde en charge, les bénévoles vont parfois se déplacer seuls." Cela permettra de décupler les possibilités d’action. Mais les moyens de l’association sont limités. Aidée financièrement par certaines collectivités, des départements et communautés de communes ne participent pour le moment pas au financement de son activité.
Avec la tendance actuelle et la forte augmentation de la demande, Solidarité paysans espère pouvoir compter sur de nouveaux soutiens. "Comme pour tout le monde, nos charges augmentent. Si on veut pouvoir maintenir et adapter notre équipe au nombre de demandes que l’on reçoit, il faut les moyens financiers en face", reconnaît Laure Gaillard avant de mettre en lumière un nouveau constat.
On a maintenant des gens qui nous appellent mais que l’on a déjà suivis il y a plusieurs années. À chaque fois, c’est pour des difficultés différentes du premier accompagnement.
Pour l’association, c’est un gage de confiance. La preuve que la première expérience s’est bien déroulée. Mais cela met également en lumière le contexte compliqué dans lequel se trouve le monde agricole. Alors, pour aider ceux qui en ont besoin et leur permettre de ne pas tomber, Solidarité paysans est à l’écoute. "Ils doivent nous appeler. C’est une démarche personnelle. Même si un proche nous contacte pour nous faire part de la détresse d’un agriculteur, on ne peut pas intervenir. On commence une prise en charge uniquement sur demande de la personne concernée. Elle doit être prête à le faire." Ces derniers mois, la libération de la parole semble mettre la lumière sur de nombreux cas.
Nicolas Jacquet
Il est possible de contacter l’association Solidarité paysans en Auvergne au 04.73.14.36.10 ou par mail à speauv@gmail.com. Pour plus d’informations, le site internet de Solidarité paysans en Auvergne.
