« Une pompe à fric de plus », râle Pedro. « C’est de la connerie », lance Alexia. « Si encore les sous du contrôle technique servaient à entretenir les routes de façon à rouler sur un billard partout en France… », souffle Jérôme. Vous l’aurez compris : le contrôle technique pour les deux-roues ne leur fait absolument pas plaisir.
« Ce n’est qu’une question d’argent. On pâtit des histoires de jeunes. Nous, les vrais motards, avons bien conscience qu’on n’a pas de carrosserie quand on roule. Si on ne vérifie pas les freins, les roues, la chaîne… C’est notre vie qui est en danger?! »
« On confond les 50 cc et les vraies motos »Laurent rejoint cette pensée. « On confond les 50 cc et les vraies motos. Cet amalgame fait que tout le monde est mis dans le même panier. » « On paie pour ces personnes qui n’ont pas de plaque et le pot d’échappement percé », ajoute Léa. Pour eux, ce sont ces jeunes qui roulent sans casque, en zigzag, parfois même sur une roue qui devraient être contrôlés. « Mais comme ils n’ont pas d’assurance… Ils seront contrôlés par les forces de l’ordre, auront une amende et c’est tout », imagine Thomas.
Laurent comme Léa ont conscience du danger lorsqu’ils sont sur leur véhicule. « Pour tout vous dire, on va partir en road trip une semaine, dix jours, et on vient de recevoir notre caisse à outils. Quand on part, on regarde tout : le niveau d’huile, si les pneus sont bien gonflés… Si on remarque un problème, c’est changé dans la seconde. » Sécurité avant tout.
Conscients du dangerMême chose pour Laurent. « Personnellement, avec ma moto, je fais beaucoup de route, de longues promenades. Pour ne pas tomber en panne, je fais le tour à chaque fois : je vérifie les pneus, si la chaîne est bien graissée… Bref, je fais un tour global de la moto. » S’ajoute à ces vérifications un passage chez le garagiste « tous les ans ». Ils sont nombreux dans ce cas-là.
« Tout a été prouvé. Le contrôle technique n’est que du vent?! Quand on voit les critères de contrôle, quand voit que ce sont des gens qui n’y connaissent rien aux motos qui ont écrit le texte… Et le pire étant que cela a été lancé par des associations de m*rde parisiennes?! Quand on roule à moto, on l’entretient ou on se tue, c’est aussi simple que ça. […] Tout est une histoire de fric et pas de sécurité. »
« Pourquoi payer pour des choses que je vérifie moi-même?? », s’interroge Laurent. Malgré tout, comme de nombreux motards, il se pliera à la réglementation. « Le plus tard possible », précise-t-il.
La FFMC ne lâche rienDe leur côté, les membres de la Fédération française des motards en colère (FFMC) de Haute-Loire ne lâchent rien. Ce samedi 13 avril, ils seront de nouveau mobilisés au Puy-en-Velay. « Pour nous, le contrôle technique, c’est toujours non », lance Jean-Luc Trébuchon, le coordinateur altiligérien.
Cette opposition n’est pas là pour faire joli. « On a des arguments techniques : un contrôle technique n’apporte rien en matière de sécurité routière. Selon une enquête menée par un organisme indépendant, les chiffres montrent que les défauts d’entretien des motos concernent entre 0,3 et 0,7 % des accidents graves des motards. C’est l’entretien des routes, des infrastructures routières qui entre en cause dans 40 % des cas. » Pour lui, comme pour d’autres adeptes des deux-roues, « au lieu de nous demander de dépenser entre 50 et 60 €, il faudrait refaire la route ».
« Un contrôle n’apporte rien en matière de sécurité routière »La Fédération des motards en colère, ainsi que celle de motocyclisme, épaulée par la Fédération européenne des motards, a planché et présenté des alternatives « parmi lesquelles une réforme du permis de conduire, la mise en place d’une prime pour l’acquisition de motos plus propres… Un accord avait été trouvé avec le gouvernement français, le contrôle technique mis de côté. Trois associations parisiennes ont saisi le Conseil d’État sur des questions purement écologiques alors que le contrôle technique n’a rien à voir là-dedans. »
Retour, donc, à la case départ. Le gouvernement a été enjoint à la mise en place des contrôles pour tous les véhicules entrant dans la catégorie L.
« Notre argument principal, c’est qu’il n’apportera rien en termes de sécurité routière. »
Car lui, comme beaucoup d’autres, contrôle sa moto avant de prendre la route.
Avant l’arrivée des beaux jours, ce samedi 6 avril, la FFMC avait organisé, comme chaque année, une journée « reprise de guidon ». L’occasion de faire le point sur quelques éléments à ne pas oublier. « Et franchement, entre nous, on parle de tout ça. Les plus anciens rappellent ou apprennent des choses aux plus jeunes. »
Maryne Le Goff