Essoufflement, fatigue, toux persistante… Entre 10 et 30 % des personnes testées positives au Covid-19 souffrent ensuite d’un Covid long, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Si les symptômes de la maladie disparaissent normalement après deux ou trois semaines, le Covid long persiste pendant plusieurs mois, voire années.
Mais pourquoi certains patients guérissent-ils plus vite que d’autres ? Une équipe de recherche de l’Inserm, associée à l’université de Minho à Braga, au Portugal, a publié sa théorie dans la revue Nature Communications. Selon elle, le Covid long frappe surtout les personnes dont le système immunitaire est moins performant. Elles ne parviennent pas à se défendre contre le virus, et celui-ci s’installe là où il peut perdurer : dans les muqueuses.
Ces tissus tapissent les cavités de l’organisme, comme les bronches ou les fosses nasales. Mais d’après l’Inserm, le SARS-CoV-2, virus du Covid, se loge surtout dans la muqueuse intestinale. "Elle est plus permissive que les autres", explique à L’Express Jérôme Estaquier, chercheur à l’Inserm. "Elle est réglée pour tolérer les microbes qui servent à la digestion. Donc pour un virus, c’est un vrai cheval de Troie : il peut y rester sans être identifié comme une menace." On retrouve d’ailleurs cette stratégie chez d’autres virus, par exemple le VIH.
Pour parvenir à ces conclusions, les équipes française et portugaise ont analysé le système immunitaire de 164 personnes : 127 ayant été infectées six mois auparavant, dont la moitié ayant développé un Covid long, et 37 personnes "contrôle", n’ayant pas été infectées. Les chercheurs se sont surtout intéressés à des "marqueurs sanguins", "reflet de la présence du virus", note Jérôme Estaquier.
Dans le détail, ils ont relevé chez les patients atteints d’un Covid long une faible quantité d’un sous-type de cellule CD8 exprimant l’intégrine b7, impliquée dans l’élimination du virus. Ils ont aussi identifié des anticorps IgA en surnombre, et des taux très élevés d’interféron IP-10. "Ces trois marqueurs montrent que le virus pourrait être davantage présent dans les muqueuses intestinales, perdurer, et conduire à une forme de Covid plus longue", résume Jérôme Estaquier. L’Inserm doit désormais valider cette théorie à plus grande échelle. L’objectif est, à terme, de diagnostiquer le Covid long plus vite et plus facilement.