Objectif de transition, inflation inédite… Le sujet de l’énergie est brûlant et invite plus que jamais à la recherche de solutions. Parmi celles-ci : la modernisation des systèmes de chauffages (et l’isolation qui va avec). Tel était le thème qui a réuni beaucoup de porteurs de projets hier à Bénévent pour la signature d’un Contrat de chaleur renouvelable territorial (1).
Grouper les petits projets pour décrocher l’aideCe dispositif signé entre l’Ademe Nouvelle-Aquitaine (2) et le Département prévoit une enveloppe de 4,2 millions d’euros à ventiler sur 36 projets creusois dans les trois années à venir. L’objectif global est de produire 7.243 Megawatt/heure d’énergie renouvelable à usage thermique ; avec un “mix” qui intègre au moins 20 % d’énergie autre que celle provenant de la biomasse – une source plus en avance que les autres : réseau de chaleur, solaire thermique, géothermie.
« Le Contrat de chaleur est un levier énorme pour décarboner le territoire, explique Émilie Rabeteau, chargée de mission à l’Ademe Nouvelle-Aquitaine. Il s’adresse aux collectivités locales mais aussi aux privés comme les associations ou les PME. Nous l’avons pensé pour grouper dans un contrat global, sur un périmètre donné, des projets qui étaient trop petits pour être éligibles individuellement au Fonds chaleur lancé en 2016. La quasi-totalité de la Nouvelle-Aquitaine est maintenant couverte par de tels contrats, ce qui signifie aussi que la Creuse accède aux mêmes aides que les Landes par exemple. »
Bénévent (Creuse) abandonne les énergies fossiles (11/2022)
Sur le terrain, ce sont les interlocuteurs habituels en la matière qui sont et seront chargés de suivre les projets : le SDEC (3) pour ceux qui émanent de collectivités, le CREC (4) pour les projets privés. « Ils sont fléchés, certains sont en gestation tandis que d’autres ont déjà commencé. Mais certains pourraient être stoppés et d’autres apparaître. Sachant que le contrat est renouvelable au terme des trois ans. Nous espérons donc qu’il y ait un effet boule de neige », résume en substance Nicolas Peinturier, responsable du service énergie au SDEC 23. Il fait aussi le compte : sur les 36 projets, 22 sont à base de biomasse, 10 portent sur la géothermie, 2 sur le solaire thermique, 2 autres sur un raccordement en réseau de chaleur…
Bénévent, qui accueillait la signature du Contrat, est un exemple récent de conversion aux renouvelables (La Montagne, 4 novembre 2022). Moutier-Malcard en est un autre, avec des travaux en cours actuellement : le forage pour aller chercher la géothermie avait lieu la semaine dernière. Pierre Guyot, maire de la commune, est venu témoigner du projet avec une vidéo de cette opération où l’on voit jaillir un vrai petit geyser…
Un mini-réseau de chaleur avec géothermie« Nous avions une mairie qui était chauffée au gaz, une salle polyvalente à l’électricité, un local commercial et deux appartements au fioul… C’est dans notre projet de mandat de revoir tout cela. Après l’audit du Sdec, notre choix se porte sur un mini-réseau de chaleur à base de géothermie. Mais le projet global coûte 600.000 euros HT. Lourd pour une petite commune comme la nôtre. Nous allons notamment le financer avec 50 % de dotation État-Région (DETR). Et le Contrat de chaleur devrait nous apporter autour de 50.000 euros. »
(1) Il porte sur l’ensemble du département sauf les deux intercommunalités à l’Est de la Creuse.(2) Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie : le bras armé de l’État pour plusieurs politiques écologiques.(3) Syndicat départemental des énergies de la Creuse : établissement public propriétaire des réseaux basse et moyenne tension en Creuse et qui propose conseil et ingénierie pour la transition.(4) Centre régional des énergies renouvelables, qui assure la mission d’espace info énergie auprès des particuliers et des entreprises du bâtiment.
L'accent est mis sur la géothermieElle consiste à récupérer la chaleur naturelle du sol, ou de l’eau du sol, pour l’injecter dans nos systèmes de chauffage. En ce sens, elle est présente partout sur le globe. Mais le sous-sol de la région est propice, car le granit est un très bon conducteur. Même si tous les types d’installation n’y sont pas possibles puisqu’il n’y a pas de nappes phréatiques.On distingue géothermie profonde et de surface. Et systèmes de boucles ouvertes (lorsqu’on puise dans la nappe d’eau et la réinjecte) et boucles fermées (lorsqu’on fait descendre puis remonter de l’eau qui se réchauffe au passage, comme dans un radiateur géant).Dans une région boisée et massivement tournée vers la biomasse, la géothermie souffre d’un déficit de notoriété, car elle ne se voit pas dans le paysage et nécessite des travaux conséquents. Elle est toutefois de plus en plus rentable, et lorsqu’on résonne sur le moyen terme : avant la flambée de l’énergie, on estimait qu’il fallait une dizaine d’années pour amortir un projet. C’est maintenant moins.
Floris Bressyfloris.bressy@centrefrance.com