À l’arrière de leur camion stationné place Royale, Christian et Karim déchargent les marchandises qu’ils empilent sur un chariot à roulettes avant de les distribuer aux bars et restaurants de la place de la Victoire. Croisés vers 8 h 30 ce mardi 2 mai, les deux chauffeurs de l’entreprise Sysco conduisent un camion de location de petit tonnage pour respecter l’arrêté municipal interdisant la circulation des véhicules de plus de 7,5 tonnes rue Saint-Genès, rue Massillon (entre la place Royale et la place de la Victoire) et sur les places Royale et Sugny.
De nouvelles habitudes à prendre"D’habitude, nous avons un gros camion avec 1,8 à 2,5 tonnes de marchandises à livrer à 20-25 clients. Là, nous avons 930 kg pour 14 clients. C’est une tournée plus légère et plus courte", confient les deux livreurs.
"Pour continuer à livrer toutes les commandes, il va falloir revoir l’organisation et faire plus de rotations."
En vigueur depuis mardi 2 mai, la décision prise pour lutter contre la fragilité du sous-sol du plateau central va entraîner des conséquences multiples.
La fin du marché de Noël place de la VictoirePour les commerçants, la plus emblématique sera sans doute le déplacement du marché de Noël vers la place de Jaude au motif que les camions acheminant les chalets étaient trop lourds.
Au quotidien, selon Vincent Imbert, il s’agira plus d’ajustements que d’une révolution pour les bars, restaurants et autres commerces du secteur. Vice-président de l’association Clermont cœur de ville, le gérant du bar restaurant Le Derrière explique : "Nous avons été prévenus très en amont par la mairie qui nous a demandé la liste de nos fournisseurs pour les contacter directement. En fait, ce sont eux qui sont vraiment impactés. Pour remplacer un gros camion qui livrait trois ou quatre restaurants, il en faudra sûrement plusieurs plus petits. On sera peut-être livrés en plusieurs fois, à des horaires différents. Ce sont les livreurs qui vont devoir revoir leur logistique".
Une logistique à revoir pour les livraisonsPhilippe Audebert confirme. Sa société – Audebert Boissons basée à Lempdes – livre une vingtaine de tonnes par semaine à 20-25 commerces de cette zone. "Passer d’un camion de presque 12 tonnes à 7,5 tonnes oblige à adapter le planning pour répartir la charge de travail. Nos clients l’ont bien compris et ils ont accepté d’être plus souples au niveau des horaires et des jours de livraison, notamment en incluant le lundi quitte à être dépannés en fin de semaine", explique l’entrepreneur.
"Ça aurait pu être pire avec des restrictions encore plus importantes. C’est embêtant mais, compte tenu des risques d’écroulement, on n’a pas le choix."
Aujourd’hui, un seul camion suffit mais Philippe Audebert sait que ça ne va pas durer : "Avec le soleil, quand les terrasses seront pleines, ça risque de coincer. Durant les deux mois d’été, on ne double pas nos volumes mais presque. Il faudra sans doute passer à deux tournées. On va s’adapter à nouveau !"
Photo Fred Marquet
Une nouvelle organisation à l'essai
Pour permettre la mise en œuvre de son arrêté, la Ville de Clermont-Ferrand planche actuellement sur une nouvelle organisation de la circulation et du stationnement, qui pourra évoluer selon les besoins.
Pour les poids lourds de plus de 7,5 tonnes, de nouvelles zones de stationnement sont à l’étude : le bas de la place Sugny qui est déjà utilisé pourrait voir sa capacité augmentée, la rue de la Préfecture et la place de la Poterne sont aussi des pistes, tout comme la place Renoux à l’issue des travaux en cours actuellement.
Pour les véhicules de moins de 7,5 tonnes, la municipalité prépare des annonces d’ici fin mai. Selon Pascal Vivier, responsable du service Transition énergétique, écologie urbaine et partage de l’espace public, "il y aura plus de souplesse au niveau des zones de stationnement avec des emplacements plus nombreux et au plus près des commerces."
Pour la gestion des ordures ménagères, impactée par la suppression des conteneurs enterrés en haut de la rue Saint-Genès et du point d’apport volontaire du verre place Royale, "des bacs de récupération individuels ont été distribués et les tournées de collecte ont été modifiées. Les ramassages seront plus fréquents et assurés par des camions plus petits, donc moins bruyants et moins polluants", note Sylvain Charlicart, chef de service Gestion patrimoine voirie et ouvrages d’art à la Métropole.
Évacués d'ordinaire par des véhicules de plus de 7,5 tonnes, les conteneurs enterrés en haut de la rue Saint-Genès ont été replacés par des bacs à roulettes.
Pour les déménagements, "des dérogations ponctuelles pourront être étudiées à condition de respecter les préconisations en termes de lieux et de temps de stationnement par exemple", indique Pascal Vivier.
Maud Turcan