LFI, au grand dam des autres forces de la Nupes, se trompe de méthode. Heureusement, il reste la rue… Opinion.
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LFI, à l’Assemblée nationale, a un comportement désolant. On ne reviendra sur ce qui a fait le régal d’un certain nombre de chroniqueurs de Causeur pour qui les mélenchonistes, pour reprendre le jugement de Pie XI dans son encyclique Divini redemptoris de 1937 à propos du communisme, « sont intrinsèquement pervers ». LFI pourrait ainsi décréter qu’elle est pour la retraite à 75 ans et le retour du travail des enfants, la droite, c’est-à-dire le macronisme suppléé par ce qu’il reste de LR, la suspecterait encore de vouloir transformer la France en un goulag pour les riches !
On ne reviendra donc pas sur le ballon à tête de Dussopt écrasé par le pied de Thomas Portes. Certes, cela fera toujours moins mal que la tête d’un gilet jaune énucléé et écrasée par la jambière d’un CRS… On ne reviendra pas non plus sur le député Aurélien Saintoul, emporté par sa colère à propos de la hausse constante des accidents du travail depuis 2019, qui traite le même Dussopt d’« assassin » avant de s’excuser. Dans les deux cas, c’est totalement déplacé sur la forme.
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Les députés des autres groupes de la Nupes, et surtout les communistes, tout aussi opposés que LFI a la réforme des retraites, eux, continuent de respecter les us et coutumes de l’Assemblée nationale, que ce soit dans les tenues vestimentaires ou dans la prise de parole. Mais dans un écosystème médiatique comme le nôtre, c’est toujours celui qui fait le plus de bruit dont on cause.
Après, on a le droit de se demander le pourquoi d’une telle hystérisation dans les débats au point que les syndicats, qui font descendre à chaque manifestation des millions de personnes dans la rue, sont les premiers à se désoler de la situation ?
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Parce que de quoi parle-t-on, au juste, en ce moment, à l’Assemblée nationale ? D’une réforme des retraites qui est traitée comme une simple « budget rectificatif de la Sécurité sociale ». Du report de l’âge légal de 62 à 64 ans, qui, s’il devait être voté, amènerait à terme à une baisse significative des pensions. Et qui dit baisse significative des pensions, dit fin du système par répartition à un moment ou à un autre et son remplacement par la capitalisation, ne serait-ce que pour assurer un revenu décent. C’est en fait l’intention à peine cachée d’Emmanuel Macron dont on ne répétera jamais assez qu’il est le chargé de mission de ceux qui, depuis plusieurs décennies, veulent en finir avec cette exception française de l’État-providence né dans la France en ruines de 1945. On se souviendra, à ce sujet, d’une phrase de Denis Kessler alors vice président du Medef, dans Challenges, en 2007 : « Il s’agit de défaire méthodiquement le programme du CNR »
Ajoutez à cela un calendrier forcé avec une deadline vendredi 17 février, et vous aurez une mesure assez juste du cynisme antidémocratique du gouvernement qui n’a même pas de majorité claire au parlement. Raison de plus, pour s’opposer à ce coup d’État social, d’éviter de tomber dans le piège de la violence. Dans la rue, pour l’instant, c’est réussi. Mais dans l’hémicycle, là, ce n’est pas le cas. LFI, pour l’instant première force à gauche, n’est pas à la hauteur des enjeux et à l’air d’oublier que pendant ce temps-là, navigant habilement entre deux eaux, le RN pourrait très bien récupérer cette colère en 2027, si par malheur le mouvement social ne parvenait pas à faire reculer Macron.
Chaque protestation d’ampleur à propos des retraites a fini quelques années plus tard par se payer dans les urnes. Sarkozy perd en 2012 contre le plus mauvais socialiste possible après les manifs de 2010, et Chirac perd sa majorité en 1997 après 1995. Seulement dans ces cas-là, l’alternance se jouait entre les partis traditionnels. Même si c’est encore loin, 2027, pour l’instant, la seule force en ordre de marche qui sera en mesure de punir celui qui voudra succéder à Macron, hélas, ce n’est pas la gauche.
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