Les limiers de la Division des investigations criminelles ont mis la main sur S. Dia, styliste de formation. Avec A. Konaté, qui est introuvable, il avait encaissé un montant de 68,5millions FCfa pour l’achat de 10 t de pierres précieuses au Mali. Ils n’ont pas respecté leur engagement et évoquent le coup d’État intervenu dans ce pays voisin.
Le 29 août dernier, les limiers de la Division des investigations criminelles (Dic) ont été saisis d’une lettre plainte formulée par D. Ndiaye contre les nommés A. Konaté et S. Dia.
De l'économie des faits, il résulte, selon nos sources, que les mis en cause avaient convaincu le plaignant de s'associer à eux, pour une opération de commercialisation de pierres précieuses en provenance du Mali. M. Ndiaye a donc investi 68,5 millions FCfa. Mais ses indélicats associés ont fondu dans la nature, sans lui présenter la marchandise.
Invité à confirmer les termes de la plainte, D. Ndiaye a décrit le nommé A. Konaté comme un homme de confiance, puisqu’il est l'agent comptable de son entreprise, depuis 2009. Un jour, dit-il, ce dernier s'est présenté dans son bureau en compagnie de S. Dia, pour le convaincre de participer à leurs côtés, au préfinancement d'une opération d'achat de 10 t de cristal, une pierre précieuse de 1er choix, en provenance du Mali.
Rassuré par les documents vraisemblables à lui présentés, il a déclaré avoir finalement accepté de saisir cette opportunité d'affaires. Selon les termes de leur accord, une fois acquis, le produit devait être acheminé et revendu ici au Sénégal, afin que chaque partenaire puisse recouvrer les sommes investies, en plus du bénéfice.
Il a remis la somme 68,5 millions FCfa aux deux mis en cause, chargés de coordonner et de régulariser l’opération. Par la suite, M. Ndiaye déclare avoir relancé plusieurs fois ses deux associés, voyant que la marchandise tardait à être livrée. Ensuite, dit-il, ses deux associés sont devenus injoignables.
“Nous avons compris tardivement qu'il s'agissait d'une arnaque”
Ainsi, le nommé S. Dia a été convoqué et entendu. Devant les hommes du commissaire Adramé Sarr, le patron de la Dic, il a reconnu les faits. Cependant, renseignent nos sources, il a déclaré qu’il était bel et bien joignable, en dépit des quelques voyages effectués à l’étranger, dans le cadre de ses activités professionnelles de styliste. Dans la même veine, il a reconnu ne pas disposer d'agrément pour s’activer dans le commerce de l'or, de surcroît, à l’international.
À la question de connaître l’usage fait des fonds du plaignant, le mis en cause a expliqué qu'une fois l’argent collecté, il se rendait au marché Sandaga, en compagnie de A. Konaté. De là-bas, ils envoyaient les montants par Hawala (système de transfert d'argent informel) à leur fournisseur établi au Mali, du nom de M. Barry, sans autre précision. Ce Barry est, selon lui, le copropriétaire de la marchandise. L’autre propriétaire, dit-il, est un Arabe dénommé Abdallah, là aussi, sans autre précision.
Le prévenu a ajouté ne pas avoir les contacts des fournisseurs, de même que les reçus fournis à l’issue des dépôts d'argent. Ils seraient avec d’A. Konaté, dont il ignore où il se trouve, depuis plusieurs mois. Le mis en cause a cependant reconnu qu'en dépit de cette situation, il échangeait de temps à autre avec son acolyte qui, joint par téléphone en toute discrétion, n'a pas voulu lui révéler son adresse.
Interrogé sur les raisons pour lesquelles la marchandise tarde à être livrée, S. Dia a informé que c'est dû au coup d'État au Mali et à l'instabilité politique qui y règne. Il a ajouté qu'il s'agit d'un cas de force majeure. Que lui-même a perdu 13 millions FCfa. Dans le cadre de cette enquête, il y a eu une confrontation, au cours de laquelle le plaignant a déclaré vouloir rentrer dans ses fonds, sans délai.
“Nous avons compris tardivement qu'il s'agissait d'une arnaque, mais qu'en dépit de ma situation, je pensais que tous mes investisseurs ont été victimes dans cette affaire, y compris les deux mis en cause”, a-til soutenu face aux enquêteurs. Né en 1975, S. Dia a été déféré au parquet pour les faits d’association de malfaiteurs et abus de confiance pourtant sur 68,7 millions FCfa.
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