Gennaro Gattuso avait gâché une bagarre toute la nuit.
Peter Crouch n’a pas été construit pour réagir aux fentes tardives et à la provocation du milieu de terrain milanais, Rafael van de Vaart et Steven Pienaar trop aimables ou étonnés pour répondre à ses bouffonneries, les officiels ne semblant pas disposés à réprimer correctement.
Cependant, dans la zone technique de Tottenham se tenait un Écossais à la mâchoire carrée et à la tête rasée, les yeux brûlants, le dentier grinçant. Joe Jordan avait passé près d’un demi-siècle dans le football en refusant de faire un pas en arrière et il n’était pas sur le point de commencer maintenant.
Cela fait 12 ans jour pour jour que Tottenham a connu l’un de ses plus beaux résultats européens en battant l’AC Milan, alors leader de la Serie A. match aller des huitièmes de finale de la Ligue des champions. Cependant, tout ce dont on se souvient le plus de la nuit, ce sont les deux affrontements entre un homme de 33 ans aux yeux fous et aux cheveux ébouriffés et un entraîneur de l’opposition à lunettes à l’aube de la soixantaine.
Si ce n’était pas pour Gareth Bale détruisant à lui seul l’Inter Milan en phase de groupes, Gattuso contre Jordan serait probablement l’image déterminante de la superbe première campagne du club du nord de Londres en Ligue des champions.
Les buts et les compétences restent le principal attrait du football, mais il y a un attrait pour une bagarre sur le terrain, malgré ce que les commentateurs acharnés peuvent vous dire alors que les scènes vous forcent à quitter votre siège et vous rapprochent de plus en plus de votre écran de télévision.
Ce qui a rendu le crachat de San Siro d’autant plus fascinant, c’est la façon dont il s’est déroulé au cours de 90 minutes captivantes et qu’il a opposé l’affiche des milieux de terrain combatifs modernes à un vieux pro grisonnant qui avait autrefois été l’homme le plus dur de Milan. à une époque qui en est pleine.
Assis dans le studio de Sky à San Siro le soir du match, Graeme Souness, qui sait une chose ou deux sur le fait de rester coincé sur un terrain de football, a fait remarquer que Gattuso n’avait clairement « pas fait ses devoirs » lorsqu’il a choisi d’assumer Jordan.
S’il l’avait fait, l’Italien aurait lu l’histoire d’un homme qui a grandi dans un village du Lanarkshire, apprenant à jouer sur un terrain de football local qu’il a appelé le Corn Patch. Il aurait entendu parler d’un joueur qui a été formé par des gens comme Billy Bremner et Norman Hunter dans sans doute le vestiaire le plus difficile de tous à Leeds United dans les années 1970. Il a peut-être aussi vu qu’en 2007, le Times a nommé l’Écossais le 34e homme le plus dur de l’histoire du football.
Un peu plus près de chez lui pour Gattuso, à peine deux ans avant le match avec les Spurs, à l’occasion du 110e anniversaire de la formation de l’AC Milan, Jordan a été nommé parmi les 110 joueurs les plus importants à apparaître pour le club.
En vérité, l’Italien n’a qu’à regarder les images qu’une recherche rapide sur Google offrirait ; du sourire édenté que Jordan a gagné en mettant sa tête là où ça fait mal lors d’une ruée vers le but dans un match de réserve au début de ses jours de jeu. Pendant une grande partie de sa carrière de joueur de 11 ans en Angleterre, il était «Jaws». En Italie, on l’appelait ‘Lo Squalo’ (Le Requin).
À entendre Jordan décrire la nuit où lui et Gattuso se sont affrontés, il semblerait que l’Italien ne réfléchisse pas du tout.
« Gattuso s’est perdu », a déclaré Jordan à Sky’s Goals dimanche en 2016. « C’était un gros match, il était capitaine de son club, nous avons gagné le match et il a eu des problèmes avec un ou deux des joueurs. Il avait un problème avec l’arbitre. Il avait manifestement un problème avec lui-même. Il s’en est pris à un vieil homme comme moi.
Le match a commencé de manière assez anodine mais est devenu de plus en plus de mauvaise humeur, l’équipe locale étant en colère de devoir remplacer le gardien Christian Abbiati à la suite d’un affrontement avec Crouch dans la surface.
La taille de la cravate se penchait sur l’engagement, les conditions humides rendant le contrôle des tacles plus délicat. Il a suffi de quelques défis limites pour ne pas être contrôlés pour que les griefs s’aggravent et que des représailles soient recherchées. Gattuso était généralement au cœur de cela, mais il était loin d’être seul dans un milieu de terrain milanais contenant également l’ancien joueur d’Arsenal Mathieu Flamini.
C’est le Français qui a allumé le papier tactile, enlevant presque le pied droit de Vedran Corluka avec un défi glissant à deux pieds qu’il a ensuite célébré avec enthousiasme pour les supporters locaux. Corluka serait emporté sur une civière et quitterait plus tard le sol avec des béquilles.
C’est après cela que Gattuso et Jordan sont entrés pour la première fois dans l’orbite l’un de l’autre.
Le jeu étant arrêté, ce dernier a empiété sur le terrain et a été accueilli par le premier, qui l’a poussé hors de celui-ci avec une main à la gorge. À son crédit, le patron des Spurs, Harry Redknapp, a tenté d’intervenir, mais son appétit pour se mettre au milieu des deux dos argentés enragés était clairement minime.
Gattuso, la tête en l’air, était maintenant une bombe à retardement, se jetant dans les tacles avec un abandon sauvage et répondant à chaque légère perception avec une histrionique ridicule.
Enfin, l’arbitre a agi, répondant à une botte tardive et précipitée sur Pienaar en montrant au capitaine milanais un carton jaune – un carton qui l’empêcherait de jouer le match retour.
Tout ce qu’il fallait maintenant, c’était un vainqueur des Spurs pour couronner le cauchemar de Gattuso et Crouch dûment livré avec 10 minutes à faire, puisant à bout portant après avoir été mis en place par Aaron Lennon.
Il y avait inévitablement une fureur supplémentaire après le temps plein, l’image durable de la nuit étant celle d’un Gattuso désormais torse nu, front contre front avec Jordan, qui avait, de manière inquiétante, retiré ses lunettes.
L’Italien a tenté d’avoir le dernier mot, poussant la tête en avant dans une tentative de coup de tête apprivoisé, déclenchant une mêlée de joueurs et de personnel qui a vu les principaux protagonistes évincés et retenus de toute nouvelle tentative de se déshonorer.
Par la suite, le camp de Gattuso a fourni une couche supplémentaire aux événements, suggérant que Jordan avait fourni un commentaire courant sur les abus tout au long de la nuit, posant un piège vocal dans lequel leur homme est tombé naïvement.
L’agent de Gattuso, Claudio Pasqualin, a déclaré aux journalistes: « Jordan, après l’avoir chahuté en permanence, l’a insulté avec une phrase vraiment basse.
« Pour quelqu’un comme Rino, qui a un sens aigu de son identité italienne, je pense que c’est la plus dégoûtante et la plus injustifiable des insultes. »
À son crédit, Gattuso a depuis été extrêmement regrettable de son comportement cette nuit-là.
S’adressant au Corriere della Sera en 2022, il a déclaré: « J’ai fait une erreur et j’ai honte. C’est quelque chose que j’ai fait et c’était une erreur injustifiable.
« Je pourrais dire que ces choses arrivent sur le terrain, mais j’en ai honte. J’ai un fils de 14 ans. Pensez-vous que je n’ai pas honte à chaque fois qu’il me demande à juste titre pourquoi je l’ai fait ? »
Il y aurait des répercussions une décennie après cette nuit à Milan, du moins dans l’esprit de Gattuso, l’Italien suggérant que sa bataille avec Jordan était un facteur important pour qu’il ne succède pas à Jose Mourinho en tant que patron des Spurs dans la recherche interminable du club en été. de 2021.
Cependant, la réaction hostile des fans de Tottenham à sa nomination potentielle – dont la nouvelle a été accueillie par un hashtag #NoToGattuso sur les réseaux sociaux – était peut-être davantage liée à de prétendus commentaires historiques racistes et homophobes de l’Italien, qui, selon lui, ont été « déformés ». « .
Gattuso a tenté de faire amende honorable directement à Jordan, l’invitant à être son invité à Milan dans les mois qui ont suivi le match de 2011. Bien que, incapable d’accepter l’offre du joueur, Jordan insiste sur le fait qu’il n’a aucun problème avec lui ou regrette le nuit. Eh bien, peut-être à part un…
« Il m’a invité sur le terrain d’entraînement et il voulait que je sois son invité là-bas », a-t-il déclaré. « C’était peut-être six mois après que c’est arrivé. Mais je n’en ai jamais eu l’occasion.
« Ce qui est du passé, c’est du passé. En ce qui me concerne, c’est oublié, je n’ai aucune rancune. C’est juste dommage que je ne jouais pas ! »