À croire que le week-end n’a pas porté conseil après les outrances de la semaine passée… Les débats n’avaient pas repris hier depuis une heure et demie que le mot « assassin » claquait dans l’Assemblée à l’endroit d’un ministre. C’est dire comme certains ont renoncé à parler du fond, c’est dire comme les mêmes, dénués de la maîtrise d’eux-mêmes, sont indignes du mandat confié. Car enfin on aura beau répéter qu’il n’y a pas mort d’homme, sentir poindre la fierté mal placée de l’élu qui n’a pas peur des mots et croit parler au nom du peuple, encore faudrait-il rappeler que les mots ont un sens… même quand on s’abaisse au buzz. Et qu’on n’avilit pas la fonction et la démocratie sans conséquences. La première d’entre elles étant de faire passer les députés RN pour de grands sages. Qui peut feindre d’ignorer ce que préfigure l’ensauvagement des mots et des images ? Peut-on se permettre tous les excès dès lors qu’on estime avoir raison ? C’est le monde à l’envers, se dit-on ces derniers temps, en voyant l’Assemblée si brutale et la rue si calme. Mais pour combien de temps encore quand l’exemplarité fait défaut ?
l’éditorial
Florence Chédotal