Son nouveau spectacle s’intitule « En concerto » et sur l’affiche, elle apparaît appuyée sur un piano, près d’un buste de Beethoven. Le public dunois pourrait penser que Giedré, qui se produira jeudi 10 novembre à 21 heures à la salle Apollo, présentera un délicat récital classique. Mais qu’il ne s’y trompe pas : si les mélodies composées par la chanteuse sont parfois doucereuses, ses textes sont emplis d’humour noir et de second degré. Rencontre.
Qu’est-ce qui vous a poussée à composer ce personnage faussement ingénu, qui chante des textes parfois très crus ou noirs, sur un ton naïf ?
Lorsque j’ai commencé à écrire des chansons, je faisais du théâtre et je n’avais pas envie de m’ennuyer entre deux projets. Je suis allée chanter mes chansons dans un bar. Ma chance et que je n’ai jamais eu d’ambition. J’ai fait ce qui m’amusait sans me poser de questions et sans me demander si cela allait plaire ou non.
Mais vous aviez tout de même cette volonté de faire rire les autres.
Oui. Je me suis dit que ce serait quand même mieux si les gens rigolaient. Ou sinon ça allait être très triste. Car les sujets que j’aborde ne sont pas très gais. Et si on ne rigole pas, on se pend. Et comme je ne souhaitais pas de suicide collectif, c’était mieux que les personnes rigolent.
Pourquoi avoir justement choisi d’aborder des sujets souvent sombres ?
J’ai toujours eu conscience que quand on crée quelque chose, on prend du temps de cerveau aux gens. Ce temps est ce que l’on a de plus précieux dans notre vie. Et on ne peut pas leur prendre pour en faire quelque chose qui n’a pas trop de sens. Il fallait donc que je parle de choses pas trop futiles. Quant à l’humour, il permet de prendre de la distance avec les choses, notamment si elles sont dures, pour pouvoir mieux les regarder.
Vous n’aimez pas la musique triste ?
Si. Mais c’est peut-être parce que je suis un peu pudique que j’aborde les choses de cette manière-là. Si je voulais tout montrer de moi, je ferais de la téléréalité et ça n’est pas dans mes projets.
Pourtant, votre spectacle s’intitule « en concerto » et votre dernier album « Chansons romantiques au piano ». On vous sent plus introspective et sentimentale qu’à l’accoutumée ?
Je ne crois pas… J’ai évolué. Mais je pense que jamais dans ma vie je n’écrirai une chanson qui parle de moi et de mes déboires. Sur terre, il y a énormément de sujets qui sont plus intéressants que moi.
Par contre, vous abordez des thématiques comme l’écologie, le féminisme… On sent chez vous une volonté de coller à l’air du temps.
Le féminisme, j’en parlais depuis le tout début. Mais aujourd’hui, comme ce mot n’est plus un gros mot, on me dit « ah, dites donc, vos chansons sont féministes ! ». J’aborde sans doute l’écologie de façon un peu plus frontale. Mais la consommation, j’en parle aussi depuis mes débuts.
Dans « Un peu de moi » vous évoquez la trajectoire des excréments dans les égouts pour parler du traitement des eaux usées. Comment vous est venue une telle idée ?
Je pense souvent à toute cette eau que nous utilisons. Mais les gens disent « ne t’inquiète pas, l’eau est traitée. C’est un cycle. » Et ça me fait rigoler de me dire que, dans l’eau que je bois, il y a peut-être des nano, nano, nanoparticules du pipi de Pierre Menez. Ça nous rassemble.
Vous ne craignez pas de choquer le public creusois ?
Quand je vois les audiences de BFM, je pense que les gens vont être beaucoup moins choqués par mes chansons que par ce qu’ils regardent à la télé.
Allez-vous essayer de leur faire chanter « J’aime manger du caca », comme à votre habitude ?
C’est une obligation. Ça fait partie du lot. Lorsque l’on achète son billet, on doit chanter.
Pratique. Jeudi 10 novembre, à 21 heures, à la salle Apollo de Dun-le-Palestel. Réservations et tarifs au 05.55.89.23.07.
Propos recueillis par François Delotte