Le déplacement de Nancy Pelosi, la plus importante élue américaine à se rendre à Taipei en 25 ans, le 2 août, a déclenché la colère des autorités chinoises. Le conseiller d'Etat et ministre des Affaires étrangères Wang Yi, cité le 3 août sur la chaine chinoise en français CGTN, a notamment qualifié cette visite de «provocation politique ouverte», dans une déclaration officielle.
La veille au soir, au moment où la représentante démocrate atterrissait sur l’île, l’armée chinoise déclenchait de vastes manœuvres «dans les zones maritimes au large des côtes nord, sud-ouest et sud-est de l'île et dans leur espace aérien», selon les informations rapportées par Le Quotidien du peuple, principal organe de presse du Parti communiste chinois. Le journal ajoutait que ces opérations militaires étaient «une dissuasion sévère contre la récente escalade majeure des actes négatifs des Etats-Unis sur la question de Taiwan, et un avertissement sérieux contre les activités séparatistes cherchant à obtenir l'"indépendance de Taiwan"».
A ces réactions s'ajoutent désormais des sanctions commerciales : l'administration chinoise des douanes a décidé le 3 août de suspendre l'importation des agrumes et de certains poissons de Taïwan. Elle affirme avoir détecté «de façon répétée» un type de cochenille nuisible sur les agrumes et y avoir enregistré des taux excessifs de pesticides. Des emballages contenant deux types de poissons ont également été testés positifs au coronavirus, a-t-elle assuré.
De son côté, le ministère du Commerce a annoncé la suspension de l'exportation de sable naturel vers Taïwan à partir du 3 juillet. Le sable naturel est généralement utilisé pour fabriquer du béton et de l'asphalte, et Taïwan dépend majoritairement de la Chine pour s'en fournir. Le Conseil taïwanais de l'Agriculture a également annoncé le 2 août que la Chine avait invoqué des infractions à la réglementation pour suspendre l'importation de différentes marchandises de l'île comme des produits de la pêche, du thé et du miel.
Les tensions montent entre Taïwan et Pékin depuis l'arrivée au pouvoir dans l’île, en 2016, de l'actuelle présidente Tsai Ing-wen, issue d'un parti pro-indépendance. La Chine est le premier partenaire commercial de Taïwan, avec des échanges qui ont augmenté en 2021 de 26%, à 328 milliards de dollars.