Dans les discrets locaux de MG-Modugame, zone des Acilloux, à Cournon, l’effervescence actuelle doit plus au rebond d’après-crise Covid qu’à la perspective des Jeux Olympiques de Paris en 2024. Mais cette entreprise spécialisée dans les tapis et autres modules en mousses a deux faces : Modugame pour les modules adaptés aux aires de jeux pour enfants?; MG Sport pour l’activité liée aux équipements de sports de combat type lutte, judo et autres, ou disposés au pied des murs d’escalade.
Aujourd’hui, la seconde face a clairement pris le pas sur la première, pesant près de 70 % du million d’euros de chiffre d’affaires. Et cela devrait s’accentuer dans les deux ans qui viennent, MG Sport ayant clairement les prochains JO en ligne de mire.MG Sport est spécialiste des tapis de lutte, entre autres. Photo Richard Brunel
Un bonus pour retrouver la croissance d’avant-crise« Notre entreprise de dix salariés n’est pas dimensionnée pour fournir les Jeux eux-mêmes, annonce d’emblée Julien Faye, l’un des deux associés à la tête de l’entreprise. Ce sont les grands noms qui le font, souvent gracieusement, au travers de partenariats. Mais autour des Jeux, il y a les municipalités qui accueilleront des équipes en préparation. Elles vont rénover leurs équipements ou en acquérir de nouveaux. Ce sont des équipements importants appelés à durer. Nous avons identifié 250 sites. Certains font déjà partie de nos clients. Nous avons enregistré une vingtaine de retours positifs. Nous allons répondre soit à des commandes directes, soit à des appels d’offres. »
Julien Faye et son associé Aurélien Preteseille ont estimé entre 15 % et 20 % le chiffre d’affaires supplémentaire que généreront ces marchés. Ce qui permettrait à la petite entreprise cournonnaise, créée en 2005, de retrouver la croissance qui était la sienne avant la crise sanitaire.Julien Faye et Aurélien Preteseille, patrons de MG Sport-Modugame. Photo Richard Brunel
Le Covid et ses confinements successifs ont freiné l’élan de l’entreprise, mais l’équipe n’est pas restée les deux pieds dans le même sabot. « Nous avons un peu bricolé pour absorber le choc et surtout réfléchi à la suite, appuie Julien Faye. Dans une démarche écoresponsable, nous avons le souci de minimiser nos chutes de mousses et tissus de bâches, et de réutiliser celles que nous avons. »
Coup de projecteurRésultat : une gamme de sacs de sport et sacs à dos réalisés à partir de ces fameuses chutes, que l’entreprise va lancer sous une autre marque au dernier trimestre 2022. « L’effet JO, ce sera peut-être aussi un coup de projecteur sur cette activité », espère le dirigeant.Julien Faye et la gamme de sacs de sports et sacs à dos confectionnés avec des chutes. Photo Richard Brunel
Un coup de projecteur, c’est aussi ce qu’attend Frédéric Morel, patron du groupe Lafreto, qui inclut Glisshop et Monsieur Golf. Deux enseignes basées à Aubière, mais qui rayonnent dans tout l’Hexagone. Les JO?? Là encore, l’événement est trop gros pour que l’entreprise investisse en direct. Mais la compétition entre les meilleurs golfeurs, par exemple, peut contribuer à booster le chiffre d’affaires d’un spécialiste, estime le dirigeant : « Le golf reste un peu élitiste. Cette mise en avant peut aider à ce qu’il se démocratise. Nous allons nous appuyer là-dessus pour mettre en place des opérations commerciales. Idem pour les sports nautiques. Nous ferons le bilan après les JO de ce que cela aura apporté. »Frédéric Morel, patron de Glisshop et Monsieur Golf, devant les locaux d'Aubière où est installé un practice de golf. Photo Renaud Baldassin
À l’origine, deux membres illustres avaient aussi le statut d’ambassadeurs : Yohann Diniz et Renaud Lavillenie. Le marcheur a pris sa retraite et le perchiste a cédé la place. « Les deux ont quitté la Team en 2021, à l’échéance de leur contrat, précise Claire Bourlange. Aujourd’hui, nous n’avons plus d’ambassadeurs spécifiques. Tous nos sportifs jouent le même rôle et nous nous concentrons sur des jeunes en devenir. »
8.000 € par an et plus en cas de qualification aux JOSous contrat depuis 2018 jusqu’en 2020, les vingt-et-un sportifs de la Team ont alors signé un avenant prolongeant chaque année ce partenariat assorti d’un soutien financier : « Nous accordons à chacun 8.000 € par an pour les aider à couvrir leurs frais et une prime exceptionnelle de 10.000 € en cas de qualification aux JO. »
En contrepartie, les sportifs, affiliés chacun à un site Michelin, se rendent disponibles pour intervenir dans l’entreprise sur des événements et rencontres autour du sport avec les salariés de Michelin France. Et s’ils brillent aux Jeux, c’est encore mieux, évidemment. « Les JO sont une échéance majeure. C’est important pour nous d’y contribuer », insiste Claire Bourlange, qui ne s’avance pas, en revanche, sur la question de savoir si Bibendum poursuivra l’aventure après 2024. « Ce n’est pas décidé. Mais l’envie de poursuivre est là. »
De même, l’initiative reste réservée à la France. Malgré sa présence mondiale, Michelin n’a, pour l’instant, pas prévu de la dupliquer dans un autre pays.
Patrice Campo patrice.campo@centrefrance.com Twitter : @patricelmt