Le plan d’eau de Courtille déploie ses 22 hectares au pied du Maupuy, à Guéret. Grâce à de nombreux aménagements, les Guérétois et les touristes peuvent pratiquer les loisirs nautiques quand ils ne sont pas contrariés par les cyanobactéries, de plage et en faire le tour sur des chemins. Il était moins attirant en 1882 quand, simple étang, des dépouilles d’animaux domestiques y flottaient quand ils n’encombraient pas les chemins de rive, au point d’émouvoir la presse locale, relayant la « vox populi ».
Voici ce qu’on lisait dans Le Courrier de la Creuse du vendredi 2 juin 1882 : « Nous appelons l’attention de la police sur l’état de malpropreté insigne dans lequel on laisse croupir l’étang de Courtille, aux portes mêmes de la ville, à proximité de maisons habitées. Chacun peut y voir, en passant, des cadavres de chiens, de chats et même d’animaux plus gros, gonflés par l’eau et surnageant, les pattes en l’air. Cette seule vue est écœurante pour les nombreux promeneurs qui passent là chaque jour et, en outre, il s’échappe de ce charnier des odeurs fétides qui, jointes aux émanations peu salubres de l’abattoir, peuvent très facilement jeter dans l’air des miasmes impurs, partant des germes de maladie. Il y a là une question de salubrité publique qui devrait intéresser au premier chef ceux qui ont mission d’administrer la ville de Guéret ».
Repêchés par la policeDans son édition du dimanche 4 juin, le journal publiait la lettre édifiante d’un lecteur sur cette situation affectant (et même infectant) les rives de Courtille : « L’autre jour, en me promenant dans un des petits chemins qui, longeant le côté ouest du cimetière, relient Courtille à la route de La Souterraine, j’ai dû reculer tout à coup devant un amas immonde de chair corrompue qui s’étalait au beau milieu du chemin et dans lequel j’ai cru reconnaître le cadavre d’un chien. À mon approche, un essaim de mouches vertes qui suçaient cette charogne s’est envolé en bourdonnant. Qu’une seule de ces mouches se fut posée sur mon visage et je pouvais être atteint de ce terrible mal qu’on appelle « le charbon » (N.D.L.R. : maladie infectieuse aiguë causée par le bacillus antracis qui se transmet à l’homme et aux animaux en pénétrant dans une coupure ou une lésion cutanée après un contact avec des tissus d’animaux infectés) […]. Comment peut-il se trouver des gens assez bêtes, assez insouciants de la salubrité publique, pour jeter ainsi des animaux crevés au milieu d’un chemin au lieu de les enfouir, surtout avec la chaleur torride que nous subissons ».
Le problème fut pris au sérieux puisque le mercredi 7 juin le journaliste l’ayant révélé écrivait : « Nos plaintes touchant la malpropreté de l’étang de Courtille, ainsi que les récriminations de notre correspondant guéretois, ont été entendues, et c’est avec une satisfaction bien réelle que nous apprenons que, par les soins de la police (NDLR : alors municipale), une trentaine de cadavres de chiens, de chats, etc., jetés dans l’étang de Courtille en ont été retirés et enfouis à plusieurs pieds sous terre ».
Il était urgent d’agirEt de rappeler aux Guérétois qu’un arrêté municipal, signé le 5 octobre 1863 par Louis Delille, maire, « … enjoint aux propriétaires et habitants d’enfouir immédiatement à un mètre cinquante centimètres de profondeur, dans leur terrain, les animaux leur appartenant, crevés ou qu’ils auraient fait détruire ». L’administration prévoyait que dans le cas où ceux-ci ne pourraient procéder à l’enfouissement sur leur propre terrain, ils disposaient pour le faire d’un emplacement à « La Croix-Lorette » en se conformant aux termes de l’arrêté. Cela a-t-il suffi à rendre salubre l’étang de Courtille?? Rappelons que depuis les années 1850 il s’y trouvait un lavoir public. Il était donc urgent d’agir.