Selon un source proche de l'enquête, confirmant une information de Mediapart, "le parquet de Paris a été saisi d'une demande de réouverture de l'information pour charges nouvelles, et a estimé, à l'issue des investigations complémentaires diligentées, qu'il n'y avait pas lieu à une telle réouverture". La date n'a pas été précisée.
Dans cette affaire, la Cour de cassation avait définitivement validé en janvier 2019 le non-lieu ordonné à deux reprises en faveur de Mediapart, qui était accusé d'avoir produit un faux.
Une note controverséeLa même année, le Journal du Dimanche avait publié le témoignage d'El-Mahfoud Ladib, un homme présenté comme un ex-collaborateur de l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, qui affirmait que ce dernier détenait, avant sa publication par Mediapart, la note controversée.
Le sulfureux intermédiaire franco-libanais, longtemps l'un des principaux témoins à charge contre Nicolas Sarkozy, avait assuré ne pas connaître El-Mahfoud Ladib.
L'avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog, avait ensuite demandé au procureur de la République de Paris l'audition d'El-Mahfoud Ladib comme témoin, ainsi que celle d'un financier supposé pouvoir l'appuyer.
Le parquet de Paris avait accepté cette demande.
Un "témoin bidon"Objectif du camp Sarkozy en cas d'éléments nouveaux: la réouverture de l'information judiciaire initiée après une plainte de l'ex-chef de l’Etat contre le média en ligne.
Dans son article jeudi, Mediapart qualifie El-Mahfoud Ladib de "témoin bidon" et évoque des "interrogations renforcées sur le rôle des journaux du groupe Lagardère dans la défense de Nicolas Sarkozy".
Le propriétaire du JDD n'a pas souhaité réagir.
L'auteur de l'article de juillet 2019 et ex-directeur de la rédaction du JDD remercié fin octobre, Hervé Gattegno, a déclaré en réaction à l'AFP: "Je maintiens bien entendu tout ce que j'ai écrit, et qui n'a jamais pu être sérieusement démenti".
L’enquête du parquet de Paris "n'a pas dû être complète puisque je n'y suis pas entendu et que le témoin du JDD, spontané et désintéressé, n'est pas poursuivi pour +faux témoignage+", a-t-il ajouté.
Un média "notoirement militant"M. Gattegno accuse Mediapart, "média notoirement militant" selon lui, "de s'efforcer toujours dix ans après, de faire croire à l'authenticité" du "document libyen".
Des juges enquêtent depuis 2013 sur le fond de ces accusations de financement libyen de la campagne victorieuse de Nicolas Sarkozy en 2007, formulées par Ziad Takieddine et d'anciens dignitaires libyens.
L'ancien président a toujours contesté tout financement de ce type. Il est mis en examen dans ce dossier pour "association de malfaiteurs", "corruption passive", "financement illégal de campagne électorale" et "recel de fonds publics libyens".
Ni l'entourage de Nicolas Sarkozy ni son avocat, Thierry Herzog, n'avaient réagi jeudi en fin d'après-midi.
Depuis mai, d'autres magistrats financiers enquêtent sur la rétractation de Ziad Takieddine, fin 2020, de ses accusations.
AFP
