Entre la valeur sûre du rock anglais Miles Kane, les mouvances pop d’Alexia Gredy, l’expérience jazzy et rap du projet Les Louanges ou encore un voyage dans les univers parallèles des Reptaliens et l’arrivée fracassante des lascars de Yard Act, vous aurez de quoi patienter encore un peu avant la reprise des concerts debout le mois prochain ! Voici la sélection des meilleurs disques de la semaine proposée par Les Inrockuptibles.
Alexia Gredy Hors saison (Polydor/Universal)
Entre Vertigo (titre homonyme de celui de Juliette Armanet) et Balader dans les roses, Alexia Gredy trimballe ses états d’âme sur des motifs synthétiques, livrant des chansons d’amour désillusionné en forme de cartes postales impressionnistes. Dans son ascenseur émotionnel, elle alterne les hauts (Drôle d’idée) et les bas (Balader dans les roses), les obsessions (Un peu plus souvent) et les regrets (Jusqu’à demain), tout en se fendant d’une adaptation inspirée du Beau Masque de Marie Möör & Barney Wilen, qu’elle fait idéalement sien.
Par Franck Vergeade
Lire la critique de Hors saison
Miles Kane Change The Show (BMG)
Miles Kane, valeur sûre du rock anglais à lui tout seul, revient avec un quatrième album solo qui regarde dans le rétro : Motown, soul, rhythm’n’blues, ou encore pop vintage cohabitent joyeusement sur Change the Show. La plupart de ces onze chansons ont été créées pendant une période d’introspection liée aux confinements successifs, mais le résultat ne se laisse pas abattre, à grand renfort de chœurs féminins chaleureux (notamment Corinne Bailey Rae), de cuivres flamboyants, de pianos classieux, d’arrangements soigneusement orchestrés et de refrains accrocheurs.
Par Noémie Lecoq
Lire la critique de Change The Show
Les Louanges Crash (Bonsound/The Orchard)
Vincent Roberge continue de faire ses preuves. Après nous avoir bluffé avec La nuit est une panthère, un premier long format paru en 2018, le prodige québécois taille un album-concept inclassable dans des instrus incandescentes tantôt dérobées à Frank Ocean (Chaussée), tantôt en roue libre sur du free jazz (Prologue). Avec une plume débridée, languissante mais incisive frôlant celle de Lomepal (Chérie ; Pigeons ; Dernière), Roberge tournoie sur lui-même sans vaciller et exerce un certain pouvoir de fascination. L’artiste se targue même d’un feat avec Corneille (Crash), fer de lance du R’n’B français, pour démanteler tout soupçon d’auto-centrisme. Cette fois-ci, la nuit volera en éclats.
Par Juliette Poulain
Reptaliens Multiverse (Captured Tracks/Modulor)
Le duo Cole et Bambi Browning revient après l’excellent Valis (2019) avec un troisième album au titre bien inspiré Multivers, façonné par une volonté de voir au-delà d’un univers simple. En résulte dix titres passionnants, dès l’ouverture avec l’introduction solaire de I Feel Fine. S’en suit une flopée de titres aux accents sixties affirmés sur In Your Backyard, Don’t Wait For Me ou encore Take It, mais aussi des morceaux au tempo plus lent et à la mélodie lancinante sur Do You Know You Are Sleeping ? et Go Away. Le couple originaire de Portland réussi donc, avec ce nouveau disque, une percée au croisement de plusieurs univers parallèles, emprunte d’une indéniable touche rétro-futuriste et pop qui donne envie de prolonger l’expérience auditive en réécoutant l’album aussitôt arrivé à sa fin.
Par Nathan Merchadier
Yard Act The Overload (Memphis Industries/Island/Universal)
Les rock stars anglaises s’exportent moins qu’à l’époque, mais il est un domaine dans lequel les artistes du Royaume-Uni sont en passe de (re)devenir exemplaires : celui de la protestation. Souvent comparé à IDLES, The Fall, Sleaford Mods ou Fontaines D.C., Yard Act fait partie de ces groupes qui savent montrer les crocs à grand renfort de phrases définitives sur fond d’anticapitalisme, d’analyses sociétales (souvent hilarantes à la manière d’un Jarvis Cocker) et de rejet total de la politique conservatrice du gouvernement Johnson.
Par Arnaud Ducome