Inculpés pour association de malfaiteurs, escroquerie, charlatanisme, faux dans un document administratif, détention de chanvre indien et de signes monétaires contrefaits, Baye Kouta et Cheikh Tidiane Bâ encourent cinq ans de prison ferme. Le duo est accusé d’avoir envoûté et soutiré 311 millions de francs Cfa à l’émigré Mohamed Bèye.
Le préjudice est énorme. Émigré établi aux Usa, Mohamed Bèye a perdu la rondelette somme de 311 millions FCfa dans cette sordide histoire d’escroquerie. Il résulte des débats d’audience que le plaignant qui rêvait de voir sa mère se rétablir, avait contacté Cheikh Tidiane Bâ courant mai 2019, après avoir vu son annonce sur internet.
Ainsi, le « guérisseur » commence à soigner sa maman jusqu’au jour où il le contacte pour lui prédire un avenir radieux, tout en lui recommandant de se rapprocher d’un certain Arfang Goudiaby, qui n’est autre que Baye Kouta. Convaincu, Mohamed Bèye entre en contact avec Baye Kouta qui l’envoûte avec ses bains mystiques, avant de le délester de 311 millions de francs Cfa en l’espace de trois mois. Pour justifier le montant de son préjudice, la partie civile qui se trouve actuellement au pays de l’Oncle Sam, avait produit tous les reçus de retraits de sommes d’argent effectués dans son compte ouvert à la Bhs.
Les prévenus se renvoient la balle
Toutefois, les prévenus ont réfuté les faits hier, lors de leur comparution devant le tribunal correctionnel de Dakar. Cheikh Tidiane Bâ qui a comparu libre, a confié avoir réclamé 175.000 francs Cfa au plaignant pour soigner sa maman. « A ce moment, il était au Sénégal. Je lui donnais des bains mystiques. Mais, la dame a finalement rendu l’âme », a-t-il indiqué. Né en 1989 et domicilié à Ouest Foire, Cheikh Tidiane allègue que c’est le plaignant qui l’a recontacté en vue de devenir riche comme Crésus.
« Après l’avoir présenté à Baye Kouta, je l’ai perdu de vue. Mais, Baye Kouta m’a remis 106 millions de francs Cfa, en guise de commission. J’avais gardé l’argent dans mon armoire car je savais que la partie civile allait le réclamer. Par la suite, je l’ai confié à un ami. Lorsque les enquêteurs sont venus chez moi, j’ai restitué les 106 millions de francs », informe-t-il.
Placé sous mandat de dépôt le 22 octobre 2020, Baye Kouta a nié avoir donné 106 millions de francs à son co-prévenu. « Mohamed Bèye m’a remis 56 millions de francs. Il m’avait demandé de remettre les 33 millions à Cheikh Tidiane Bâ et de prendre les 23 millions. Il voulait avoir un enfant avec sa femme et construire sa maison. Je lui ai remis des gris-gris et de l’eau bénite », dit-il. Pour le délit de blanchiment de capitaux, le quadragénaire a déclaré avoir obtenu ses six véhicules grâce à son commerce.
« J’ai fait le tour de plusieurs pays. Je faisais du commerce en Italie pendant l’été. J’ai acheté ma première voiture en 2004 », affirme-t-il. S’agissant du faux dans un document administratif, il allègue que c’est la Direction de l’autonomisation du fichier qui lui a délivré la carte d’identité du nom d’Ibrahima Cissé par erreur. Quid des 14 cornets de chanvre indien découverts à son domicile à Thiaroye Azur ? Le polygame argue qu’il consomme ladite drogue pour soigner son asthme. Concernant les 240.000 francs en faux billets, il allègue qu’il servait à la décoration.
Rejet de la demande de liberté provisoire de Baye Kouta
Poursuivi pour complicité, Amadou Kâ renseigne qu’il conduisait Mohamed Bèye chez Baye Kouta sur instruction de son ami, Cheikh Tidiane Bâ. « J’ignorais la nature de leur relation », lâche-t-il.
Constitués pour la défense des intérêts de la partie civile, Me Arona Bass et ses deux confrères ont réclamé 250 millions FCfa et la confiscation des véhicules de Baye Kouta. « Mohamed Bèye est dans la dèche pour avoir été spolié. Il a été tellement harcelé qu’il a fini par se réfugier à la Section de Recherches, le 13 octobre 2020 », s’indigne l’un des avocats.
Abondant dans le même sens, le maître des poursuites a requis cinq ans ferme contre Baye Kouta et Cheikh Tidiane Bâ, après avoir sollicité la relaxe pour la détention de signes monétaires confrefaits. Pour la répression d’Amadou Kâ, le substitut du procureur a requis deux ans ferme.
La défense a plaidé la relaxe. A la fin des débats, le juge a rejeté la demande de mise en liberté provisoire introduite par les avocats de Baye Kouta, avant de fixer son délibéré au 17 février prochain.