Invitée politique de Sonia Mabrouk sur Europe 1, lundi 17 janvier, la candidate des Républicains à l’élection présidentielle, Valérie Pécresse a déclaré que le coût de l’administratif à l’hôpital était beaucoup plus important en France qu’en Europe. Est-ce vrai ?
La déclaration
Valérie Pécresse, candidate Les Républicains à l’élection et présidente de la Région Île-de-France, était l’invitée du "rendez-vous de la présidentielle" sur Europe 1, ce lundi. Elle a fait part de son souhait que « éduquer, protéger, soigner, ça redevienne les priorités. » Et d’affirmer que « dans un hôpital, vous avez 33 % de coûts administratifs en France, 25 % de coûts administratifs en Europe. »
En voulant vérifier cette déclaration, on s’est rendu compte que ce n’était pas la première fois que la candidate de la droite faisait référence à ces statistiques. Et encore récemment sur France Info.
— franceinfo (@franceinfo) January 10, 2022
En réalité, la déclaration fait bien référence à des données de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) que nous avons fini par retrouver dans les abysses des données chiffrées de l’institution : Panorama de la santé 2021 : les indicateurs de l'OCDE et le fichier en question.
Que montre ce tableau ?Il recense, pour un certain nombre de pays, le nombre de médecins, infirmiers et sages-femmes, aides-soignants, autres prestataires de services de santé et autres personnels hospitaliers en 2019 pour 1.000 habitants. C’est à partir de ce tableau que l’on peut calculer la prétendue proportion des personnels non médicaux dans les hôpitaux représentés dans ce graphique :
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Cette publication a été largement relayée sur les réseaux sociaux et dans les partis politiques :
— Laurent Pahpy (@LaurentPahpy) April 14, 2020 — IREF (@irefeurope) April 3, 2017Les journalistes de France Info ont eux-aussi vérifié cette affirmation utilisée par Valérie Pécresse et ont conclu qu’elle était erronée, estimant qu’elle « ne fait pas référence au coût », mais à une proportion de postes. Et de préciser que « beaucoup d'autres charges existent dans un établissement de santé comme le matériel ou encore l'entretien. »
Nos confrères ajoutent que, l'étude démontre que le chiffre de 33% indiqué par l'OCDE « ne fait pas référence à des postes administratifs, mais au personnel non médical », ce qui est exact.
Dès lors, « cela qui peut englober les postes administratifs et également les agents d'entretien ou le service de restauration », conclut France Info.
Des données insuffisantesEst-ce suffisant ? Non, pas à nos yeux et à ceux d'autres observateurs. En réalité, les données « "Autres personnels hospitaliers" proviennent de sites étatiques gouvernementaux qui n’incluent pas forcément les mêmes catégories professionnelles que leurs voisins. Dit de manière vulgarisé, les états ne mettent pas les mêmes légumes pour faire la même soupe.
La sous-traitance : un impact sur les effectifsDe plus, des sources syndicales en régions confirment que les chiffres présentés par l'OCDE et repris un peu partout, ne font pas non plus état de la sous-traitance de certains services qui a un impact sur les effectifs.
Un hôpital qui dispose d’un service de blanchisserie aura forcément un taux de personnel non médical plus important qu’un autre hôpital qui sous-traite à une entreprise privée par exemple le service de blanchisserie. Même chose pour le service de restauration collective.
L'évolution des effectifs est plus justeCe qui semble, en revanche, beaucoup plus objectif dans l’observation, c’est l’évolution des effectifs par catégorie dans le secteur hospitalier en France, publié par la DREES (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques).
D’après ces données, le personnel administratif ne représente « que » 14 % à 16 %, des effectifs totaux selon les années, entre 2003 et 2018. Mais ce n'est qu'une estimation tant la catégorie "Autre personnel (soignants et non soignants)" est conséquente.
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Nous n’avons pas, à ce stade, trouvé de données qui détaillent ce que coûte le personnel médical par rapport au reste du personnel dans le milieu hospitalier. Mais comme le soulignent régulièrement des médecins hospitaliers, il faudrait aussi, pour être totalement juste, compter le temps d’activité des personnels médicaux à remplir des tâches administratives. Autant dire que le tableau va encore davantage se complexifier.
François Feuilleux
Nos sources :
OCDE
DREES
IREF
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